Quand manger rime avec aimer
J'aime manger. Pour moi la nourriture c'est l'amour et c'est bien là mon problème.
Je viens d'une famille dont l'organisation s'est toujours articulée autour des repas. C'est bien pour ça qu'aujourd'hui sauter un repas, même quand je n'ai pas faim, m'est inconcevable. Ce serait surement comme renier mon enfance (j'y vais fort mais c'est l'idée)
Petite fille, ils rythmaient mes journées mais aussi on en parlait beaucoup. Ma mère qui détestait faire la cuisine se demandait toujours ce qu'elle allait bien pouvoir nous préparer. C'était aussi souvent l'objet de dispute, mon père n'étant jamais satisfait de ce que préparait ma mère.
Mon père adore cuisiner. Et leur faire à manger a toujours été sa façon de montrer aux gens qu'ils les aiment. Forcément, à ses enfants encore plus qu'aux autres. Ca a toujours été sa préoccupation principale. Sa première question quand je leur rend visite n'est jamais de savoir si je vais bien mais si j'ai mangé, si j'ai faim, si je veux qu'il me prépare quelque chose.
A l'adolescence, manger était ce qui nous réunissait ma meilleure amie et moi. On grignotait beaucoup chez ses parents et, sur le chemin du collège, on allait chaque midi s'acheter gâteaux et bonbons pour l'après-midi. Même devenues adultes, quand on se retrouvait on passait des après-midi grignotage-papotage.
Manger est donc pour moi fortement lié à des sensations positives : le bonheur, l'enfance. Manger c'est avaler de l'amour.
Au-delà de ça, c'est aussi par la nourriture que j'ai commencé à m'émanciper de mes parents. Ils étaient très aimants mais assez stricts et surtout surprotecteurs. Et donc à l'adolescence, manger autant entre les repas c'était aussi une façon muette de m'opposer.
Aujourd'hui, j'aime manger. Je n'ai pas d'aliments tabous. Je ne culpabilise pas quand je mange beaucoup. Par contre, je mange trop et tout le temps. Et ne pas manger, ne pas céder à la tentation du paquet de gâteau ce serait un peu comme me refuser une preuve d'amour. Sauf que je me rends bien compte que c'est faux et que je mange autant juste pour ne pas avoir cette impression de tristesse que j'ai si je ne le fais pas.
Et vous ?
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Merci Nuryko de nous faire partager ton expérience. C'est hyper touchant ce que tu dis. Effectivement, la nourriture, c'est l'amour ... et ça peut aussi être de la colère ou de l'opposition.
Perso, quand je fais des crises de boulimie, j'ai l'impression d'être dans une bulle de protection. Je fuis le monde et ses contraintes. Pendant un bref instant, je ne pense plus à rien.
Ma mère est très protectrice, elle "couve" beaucoup et par moments, je lui en veux d'avoir été comme ça, de pas m'avoir plus poussée à m'émanciper. Je me dis qu'il y a forcément un lien avec l'hyperphagie.
Hello Nuryko,
Je me reconnais tout à fait dans ce que tu racontes. Chez mes parents aussi, les repas tenaient une place primordiale. Et je me souviens que je mangeais pour faire plaisir à ma mère car on était félicités quand on finissait notre assiette.
Aujourd'hui j'associe vraiment la nourriture au plaisir, et quand je vais manger chez mes parents, j'ai encore du mal à ne pas finir mon assiette.
Avec linecoaching je me suis posé beaucoup de questions sur mon passé et mon rapport à la nourriture. Aujourd'hui je mange beaucoup moins car j'apprends (et c'est un travail de longue haleine) à me détacher progressivement de ce rapport amour/nourriture.
Donc je comprends tout à fait, je pense qu'il faut que la pleine conscience peut t'aider, moi en tout cas ça m'a permis de me recentrer plusieurs fois.