ça ne peut pas faire de mal
Passage à savourer:
" C'est bon, c'est simple, ça croustille, ça rafraîchit, ça vient de l'enfance et des tablettes Poulain. Et ça me conforte dans cette certitude: qui n'a jamais enfoncé une barre de chocolat dans un tronçon de baguette fraîche ne sait pas ce qu'est la volupté. Il faut d'abord sentir la mie résister sous la poussée, se tasser, former une boule élastique pour finalement laisser sa place et émerger comme à regret à l'autre bout du tunnel de pain. Il faut détacher cette mie compacte et l'avaler toute crue, prélude au festin; il faut mordre dans le quignon, sentir la croûte craquer, puis, sous la dent, tester la dureté du chocolat... jusqu'à le faire céder, le casser net à la jointure de deux carrés, en un petit claquement mat et satisfaisant. Il faut enfin broyer le tout d'une molaire carnassière pour éprouver dans sa bouche la fabuleuse fusion de la mie redevenue humide, de la croûte qui finit de croustiller et du chocolat qui fond sous le palais en libérant tous ses arômes. Alors seulement, après toutes ces étapes, on peut accéder au plaisir de ce qui constitue une parenthèse de roi, et recommencer à mordre, non sans contempler avant chaque bouchée l'objet de sa convoitise; puis, une fois la dernière bouchée avalée, prendre toute la mesure d'un ultime délice: celui des mains vides, de la frustration, de la fin qui suggère la promesse d'un prochain régal [...]".
Extrait tiré du roman Le Réveil du cœur, François d'Epenoux, 2014.
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