Ma boîte à bonheurs
Il y a chez moi, dans ma cuisine, une boîte carrée. Elle est assez grosse, robuste, à la devanture semi transparente et sans couvercle. Mais surtout, elle est pleine de trésors.
Ma boîte à bonheur, elle contient tout ce qui enfant, mettait tant de baume à mon coeur, de joie à mes yeux et de plaisir à mon palais. Chocolat sous toutes ses formes et couleurs, nu ou habité d'autres plaisirs gustatifs, en tablettes, billes, oeufs, barres, fondant, croquant, croustillant, ferme et j'en passe; biscuits croustillants fourrés de lait, de praline ou autres caramel, amandes, noisettes, noix de coco,et enrobés de chocolats, de tous les chocolats; gâteaux moelleux à la crème à tous les parfums; bonbons gélifiés multicolores aux textures diverses et aux goûts des plus neutres aux plus douteux...
Aller fouiller dedans comme on fouillerait dans un vieux coffre à trésors, et ça fait crisser les paquets de plastique, ça écrase les emballages cartonnés, déchire les petits bouts d'aluminium : petit brouhaha à déclencher des réflexes pavloviens !
Ma boîte à bonheur, elle contient de quoi provoquer un choc anaphylactique à une pigiste de magasines féminins, faire perdre leur latin aux créateurs des règles du PNNS, faire s'évanouir d’effroi un orthorexiste, laisser dubitative à jamais une mère à l'éducation alimentaire "irréprochable".
Mais je l'aime. Je l'aime moi, ma boîte à bonheurs. Elle me remplit de joie, cette si jolie boîte. Moi, mais aussi mes enfants, qui y glissent leurs petits doigts de si peu d'années lorsqu'épris de besoins physiologiques ou émotionnels, ils veulent des réponses qui les envahissent de plaisir. Ce n'est pas qu'ils n'aiment pas les fruits et légumes ou la viande, ni même le poisson, les céréales ou les produits laitiers (d'ailleurs au moment où j'écris ça, ils sont en grande conversation téléphonique avec une banane, celle-ci collée à l'oreille). Ils aiment tout et consomment tout, librement et simplement. Avec certes, probablement une prédilection, une affection particulière pour ce que contient cette boîte.
Douceurs sucrées rappelant inévitablement les périodes où maman était constamment là pour nous sucrer le bec de son amour lacté, pourquoi devrait-on s'en passer ?
Et bien, bien sûr que si, qu'il faut s'en passer. Pourquoi ? Parce que.
Les 1000 raisons évoquées constamment partout tout le temps. Ces raisons qui nous donnent tort. Ces raisons qui nous rendent coupables, en mésestime de nous, jugés sans volonté, forcément goinfres, probablement vulgaires aussi.
Avant, ma boîte n'était qu'un petit bout d'étagère, et à cette époque, je la rêvais plus grande, pour m'affranchir de tous ces interdits. "Mais ce n'est pas bien". De nombreuses fois dans ma vie, il n'y avait tout simplement aucun coin chez moi laissant la moindre place à ces petits bonheurs. Parce-qu'"il ne faut pas. Que ça va me rendre grosse, ou m'empêcher de mincir". Et je n'ai cessé de prendre du poids. "La faute à ce qu'il y a sur cette étagère et à mon manque de volonté" était comme gravé à jamais dans mon cerveau, pétri de honte et de découragement.
Et puis les hasards de la vie ont fait que la mienne a croisé les travaux de deux médecins hors du commun. Ben oui, vous savez bien qui ! Drs Apfeldorfer et Zermati. "Non mais je rêve où ils tiennent un discours... de rêve ?" C'était comme un miracle dans ma vie que j'osais à peine croire.
Avoir le droit.
Ne pas en être une nulle.
Pouvoir être libre.
Et aimer la nourriture, même la moins diététiquement/politiquement correcte ! !
Alors j'ai essayé, tout comme vous qui me lisez, de me lancer avec eux de leurs écrits et avec toute l'équipe du Linecoaching. En enchaînant bonheurs et fiascos, plaisirs et déception, fiertés et doutes, réconforts et sentiments de perte...
Mais aussi, en laissant une place à une boîte à bonheurs !
Aujourd'hui, cela fait plusieurs années. Trois tout juste il me semble. Avec la dernière en date, où tout est vraiment bien reparti. Et enfin je vais mieux !
Depuis trois ans qu'elle est là ma boîte, j'en ai PRIS DU POIDS (pétage de plomb, programme dur à suivre mais aussi grossesse). Mais faut aussi et peut-être SURTOUT dire que j'en ai SACRÉMENT PERDU. Et même lorsqu'elle se vidait, la coquine.
Alors non, je ne peux pas assurer là "je suis tirée d'affaire", j'attends que la vie suive son cours.
Mais ce dont je suis sûre, c'est que ma boîte à bonheur est là, qu'elle est pleine à parfois ne plus pouvoir rentrer dans sa case.
Que je vis des minis instants de réconforts à me faire du bien aux yeux rien qu'à la remplir.
Qu'elle est mon petit coin de douceur quand les jours sont beaux ou nettement moins.
Que cette boîte, je l'aime de tout mon ptit coeur tout lourd, mon ptit corps tout mou et ma ptite âme qu'aime parfois être légère.
Que grâce aux esprits ouverts de gens de science qui ont osé voir plus loin que le bout de leurs études, je quitte le rang de ceux que l'on manipule et exaspère si fréquemment pour bien peu de choses.
Alors oui, je la remplis, oui je la vide, et de plus en plus sereinement, avec délectation, dans la dégustation, dans la paix ! Donc mon amour pour elle ne décroit pas.
Ou peut-être que si en fait, un peu quand même parce-que justement, elle ne prend plus la place du fantôme dont on n'ose pas parler et qui du coup a bien trop d'importance. Elle est plutôt ma copine de tous les jours, devenue ma banalité adorée, que j'invite volontiers plusieurs fois par jour.
A ma table, ma belle boîte ! Entre toi et moi, je crois bien que c'est pour la vie !
Et vous, z'en avez des bouts d'étagères, de frigo ou de boîte à bonheurs ?
Leslie
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Merci ! :-)
très joli texte!
je dois avouer que je n'ai pas ce genre de boite, mais c'est très joliment décrit