maigrir =mourir ?
Bonjour
J'ai encore pris du poids, bientôt j'aurai retrouvé celui que j'avais en début de programme il y a presque un an. Ca me désole, me déprime, je ressens du dégoût et du mépris pour moi (en tout cas une partie de moi ressent ça), et en même temps une sorte de satisfaction morbide, du style "héhé, tu vois, t'as regrossis, t'es une grosse, t'es une nvloppée, c'est comme ça, tu n'en sortiras jamais".
Cette semaine j'ai rêvé que je chopais une maladie que à une bactérie située sur la croûte d'un brie. Je précise que cette semaine j'ai effectué l'exercice de rassasiement spécifique et que j'avais choisi un fromage type brie, du Coulommiers.
Cette bactérie faisait d'abord maigrir une de mes collègues obèse à toute vitesse, elle était au bord de mourir. et de mon côté je perdais 9kg en 3 jours (je rêve de perdre ces 9kg, mais sans escompter l'atteindre un jour). Avec ces 9kg perdus, j'avais la peau sur les os, j'allais mourir.
Je vous passe les détails sur le fait que personne ne trouvait le numéro de téléphone de l'ambulance et que je n'arrivais pas à joindre mon ami...
Bon, finalement je ne mourais pas.
Mais ce rêve m'a fait me rendre compt à quel point j'ai peur de mourir si je maigris.
Mon grand-père paternel a été déporté à Buchenwald (camp d'extermination 4 mois puis 1 an en camp de travail, à l'époque il était jeune et fort et donc "utile" aux nazis). En revenant en France après s'être échappé lors d'un transfert, il avait perdu 40kg. J'ai souvent entendu cette histoire, petite.
Je ne savais pas alors ce qu'étaient ces camps. Mais je pesais alors justement une quarantaine de kg, une infirmière en avait fait le reproche à mes parents, et je rêvais d'aller en camp de concentration pour perdre tous ces kilos dégueulasses qui faisaient de moi quelqu'un de pas bien.
Je me rends compte juste maintenant que si j'avais perdu ces 40kg, je serais morte.
Je fais peut-être ds raccourcis, et je sais très bien que mes problèmes avec la nourriture n sont pas uniquement dus à cela, mais quand même, je me is que tout ça a peut-être quelque chose à y voir ?
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Pondereinette et Clémentine, je pense que vous êtes d'accord : Pondereinette dit "pensées automatiques", et toi Clémentine tu dis "croyances transmises inconsciemment". Ce n'est pas tout à fait pareil, mais ça y ressemble beaucoup !!
C'est vrai qu'on se sent toujours un peu libéré quand on a l'impression d'avoir identifier des causes. La psychanalyse dit qu'identifier des causes et les mettre en paroles, ça guérit.
Je n'ai pas de certitudes à ce sujet, mais mon expérience c'est que malheureusement, ça n'aide pas au quotidien, et que la difficulté à supporter ses émotions, ça relève d'une démarche de type comportementaliste, plus que psychanalytique.
Tenter une analyse "à l'arrache" (par soi-même), c'est un peu comme proposer à un drogué de faire sa propre psychanalyse... pour moi, ça ne sert à rien si le drogué en question n'apprend pas au quotidien à modifier ses comportements, et à se passer de sa drogue pour supporter ses émotions.
Faire la paix avec son histoire familiale, en comprendre certains ressorts, c'est bien et sans doute apaisant. Mais pour moi en tous cas, ça ne résout rien de notre rapport à l'alimentation "au présent", ici et maintenant.
En tous cas, ton témoignage est très émouvant, Clémentine, et il y aurait effectivement beaucoup à dire sur l'impact de la guerre et des génocides sur les survivants, leurs enfants, leurs petits-enfants... Je trouve aussi la réponse du Dr très juste. Il y décidément des dialogues passionnants ici !
Lily
Pommedereinette, je pense que chacun est le plus apte à dire ce qui fait écho en lui. Je suis heureuse d'avoir pris conscience de cette croyance transmise inconsciemment.
Je sais très bien que le poids ne fait pas tout. Il y fait quelque chose aussi.
Car pour moi, dans le cadre de LC, ce qui est important c'est non pas la réalité de ce qui a permit à mon grand-père de survivre. Mais la croyance (fausse, vraie, qui peut vraiment le dire ?) que c'est son surpoid qui l'a sauvé, et que pour survivre il faut avoir des réserves.
ma grand mère disait "mange ! tu ne sais pas qui te mangeras !"
on pourrait faire une collection de toutes ces bêtises...
La mienne disait : "tu as forci !". Mais pour elle c'était un compliment !!
Clémentine, la survie ne tient pas au poids mais à bien d'autres critères. Et je pense que tu le sais. A mon avis, ça fait partie des pensées automatiques à identifier comme telles.
Mon père disait : "nous les petits on s'en sort mieux parce qu'on a besoin de moins." Tu vois, à chacun(e) ses croyances familiales !
Merci Docteur et à tous pour vos posts.
Oui, certes, peur de plaire, de séduire, mais ce n'est pas que cela. Parce que cette peur de séduire, je l'ai apprivoisée.
Je crois que ce que l'histoire de mon grand-père a transmis familialement, c'est que être gros (il l'était avant la guerre) permet de survivre. S'il n'avait pas été gros, en perdant 40kg, il serait très probablement mort. Je crois que cette peur panique d'avoir faim, cette peur de maigrir est liée à cette croyance : pour être sûr de survivre, il faut absolument avoir des réserves.
Je suis contente d'avoir pris conscience de tout ça, grâce à ces échanges, qui m'ont fait me questionner. je vais maintenant essayer d'intégrer tel un mantra que "je suis en sécuité même si j'ai faim... je suis en sécurité même si j'ai faim..."
"Le changement c'est maintenant"
Je vote pour vous :-))
Clémentine, j'ai été très touchée de te lire.
Dr Apfeldorfer, j'ai aimé votre réponse, et je suis impatiente de lire ce que vous écrirez "une autre fois" sur la suite du rêve. Vraiment.
Merci :-)