Une Bypassée en quête de paix
Bonjour à tous,
Je viens tout juste de m'inscrire au programme LC. Il y a déjà plusieurs années que je connais les principes de ce site. Avant, je fréquentais des forums de size-acceptance, qui m'avaient amené à consulter gros.org notamment.
Aujourd'hui, après une perte de 72 kilos grâce à un by-pass, je pousse la porte de cette méthode car je me retrouve bien dépourvue. L'euphorie de la perte de poids, la lune de miel avec mon opération, est finie. Et malheureusement, les vieux démons sont toujours là et la reprise de poids se fait malgré tout. Mais avant d'en venir là, commençons par le commencement (merci à ceux qui auront le courage de tout lire ^^) et voilà un petit bout de mon histoire.
J'étais obèse depuis l'enfance. A l'âge de quatre ans mes parents m'ont fait faire mon premier régime restrictif. Il faut dire que je faisais 40 kilos... Un médecin, aujourd'hui très connu, avait mis au point ce régime hypocalorique.
Comment est-ce que j'ai pu atteindre un tel poids si jeune ?
On a eu la réponse que récemment, même si elle paraît évidente. Les tests pratiqués à l'hôpital avant de me faire opérer ont montré que j'éliminais moins de calories au repos que la moyenne des gens.
Aussi simple que cela certes...mais résumer mes problèmes de poids à une chose aussi banale finalement ce ne serait pas rendre hommage à la psyché. L'obésité est multifactorielle.
Je vous laisse imaginer les effets dévastateurs des régimes à répétition pendant toute mon enfance (car ils ont été nombreux vu que je reprenais à chaque fois), de la piètre image de moi que cela a occasionné, sans compter la domination d'un père tyrannique qui n'hésitait pas à fracasser les balances contre les murs quand je prenais 10 grammes de pain en trop.
En 2001, juin pour être exacte, j'étais arrivée à peser 120 kilos. La rébellion de l'adolescence et les compulsions alimentaires ayant eu raison de toute autorité et tentative de me mettre à la diète.
C'est à cette période que j'ai entendu parler de l'anneau. Ni une ni deux, je vois là ma dernière chance de sauvetage. Je me fais opérer dans une clinique privée de Paris. Et là surprise, ça fonctionne. Je perds 30 kilos en 6 mois et je suis ravie...ma famille sûrement encore plus que moi.
La seule chose c'est que, bien que n'ayant plus autant de compulsions alimentaires, mon alimentation n'avait pas changé. Et 6 mois plus tard j'ai dû affronter le décès de mon père.
Là, tout a été très vite. J'ai géré le décès de mon père tout en apprenant à tricher avec l'anneau (quoi de plus facile...). A côté de ça, j'ai repris mes études, je me suis confrontée au monde que j'évitais. J'ai repris 40 kilos en une année, avec l'anneau.
Puis pendant 6 ans, ça a continué d'augmenter petit à petit jusqu'à ce qu'un jour j'ai le déclic. Cet anneau ne me servait à rien. J'aurais pu l'avoir avant, certes...mais bizarrement j'avais l'impression d'avoir un garde-fou...quelque chose qui m'empêchait de briser toute limite avec mon poids.
2007, Août...je suis arrivée à 136 kilos. Je décide de me faire enlever l'anneau tout en ayant la peur terrible de grossir encore plus après.
Et là surprise. Comme si c'était la délivrance d'un passé...pendant 2 ans, mon poids ne bougera pas. Mes compulsions alimentaires disparaîtront totalement petit à petit et grâce à un travail psy (commencé fin 2008) je perdrais 11 kilos avant l'opération du by-pass.
Puis l'opération en elle même me fera perdre totalement tout surplus de poids. Jusqu'à aujourdhui. Les compulsions sont revenues et plus que la reprise de 9 kilos sur les 6 derniers mois, c'est surtout mon attitude avec la nourriture qui me tourmente. J'angoisse tellement de reprendre tout le poids perdu, d'avoir fait cette opération pour rien à long terme.
Là où j'ai eu un éléctrochoc c'est le jour où ma belle-mère m'a fait remarquer que lorsque je faisais les courses en hypermarché, j'étais comme prise d'une frénésie, que j'achetais tout ce qui me faisait envie et dans des quantités toujours trop importantes. Là je me suis dit que j'étais sur la mauvaise pente. Puis j'ai essayé de me restreindre, de me mettre un peu à la diète mais en parlant de rééquilibrage alimentaire...c'est plus diplomatique envers soi-même...sauf que mon cerveau n'est pas un idiot et pour un jour de restriction c'était une semaine de baffrage...
Voilà, j'ai eu une coach au téléphone avant de m'inscrire qui m'a dit que ce programme pouvait m'aider, malgré mon opération qui m'a fait perdre la motilité de mon estomac...et qui me réclame à manger toutes les deux heures (peu importe si deux heures avant j'ai fait un gros ou un petit repas, même tarif.) Est-ce vraiment possible ? Et je fais ce qu'on appelle de l'hypoglycémie réactionnelle...en fait après un repas trop riche je subis le fameux dumping syndrôme...puis une heure ou plus après j'ai ma glycémie dans les choux...Avec la faim douloureuse etc... Est-ce que vous pensez qu'il est vraiment possible pour moi de gérer tous ces paramètres en suivant votre méthode ?
Pour moi le principal c'est d'arriver à avoir une relation sereine face à la nourriture, et qu'elle ne génère plus d'angoisses chez moi. Possible ?
Merci de m'avoir lue,
Ambre
Vous devez vous connecter pour poster un commentaire
Vous devez préalablement être authentifié auprès de votre assureur afin d'accéder à nos services
Répondre
Ambre, tu apprendras avec le temps à savoir effectivement refuser gentiment mais fermement toute la nourriture qu'on cherche à te faire avaler de force, qu'elle qu'en soit la raison...Il existe une technique que le Dr Apfelfdorfer appelle celle du "disque rayé" qui consiste à répéter inlassablement la même chose quand la personne insiste pour que tu manges au-delà de ta faim. C'est quelque chose du style "ce plat est excellent, mais non merci je n'en reprendrais pas. C'est très gentil à vous de m'en reproposer mais non merci je n'en reprendrais pas... " Donc là, tu aurais pû dire, ce repas est excellent mais j'ai plus faim et je mangerai plus rien après ce plat-là. Oui effectivement j'ai payé pour un repas complet, ce que j'ai mangé était extaordinaire, mais je ne finirai pas mon repas... A la fin ton interlocuteur se lasse et laisse tomber...
Bon courage.
Bonjour Ambre et merci à toutes pour votre soutien,
L'approche LC est tout à fait appropriée à votre parcours.
Vous avez dès l'origine été traumatisée par les comportements de restriction et visiblement toute contrainte alimentaire est susceptible d'aboutir à des compulsions. Parallèlement, vous avez développé une forte impulsivité alimentaire et intolérance émotionnelle. De ce point de vue, LC pourra parfaitement vous aider à surmonter ces difficultés.
Quant à votre By-pass, il ne modifie pas le travail sur vos sensations alimentaires. Certes, vous n'avez plus les mêmes sensations alimenaires qu'avant votre intervention. Mais le principe reste identique, il s'agit toujours d'apprendre à les respecter.
La majorités des échecs de la chirugie sont dus à des TCA qui n'ont pas été pris en compte avant l'intervention. Mais il n'est aabsolument pas trop tard pour les traiter après. Il vous faudra malheureusement vous affronter à une difficulté supplémentaire, un stresseur poids très actif. Ce qui est très naturel car il y a un maintenant un enjeu considérable sur le maintien du poids. Il est possible que vous repeniez un peu de poids dans un premier temps. Comme de toute façon, on le voit presque toujours dans les deux ans qui suivent l'opération.
Quoi qu'il en soit, je suis certain que vous trouverez ici l'aide dont vous avez besoin.
Ne vous découragez pas. Et surtout n'hésitez pas à sollicité mon aide ou celle du dr Apfeldorfer, de votre coach et de la communauté qui est d'un soutien particulièrement précieux.
Bon courage.
JPZ
Bonjour à tous et merci à chacun de vous pour vos réponses.
Qu'il est bon de pouvoir parler de son comportement alimentaire sans avoir pour toute réponse une liste de ce qu'il faut manger ou de comment composer son assiette :D Ca fait du bien !
Cher Docteur, vous avez tout à fait raison quant aux échecs avec le Bypass, les TCA en sont la raison principale mais en même temps, en ce qui me concerne, on peut paraître guérie, l'être pour un temps même, et rechuter.
Et pire que cela...je ne sais pas si j'ai raison, mais il me semble que ce type d'opération peut déclencher des troubles du comportement alimentaire au lieu de les guérir. Le discours d'avoir une assiette très équilibré, des apports vitaminiques suffisant, de manger même quand on ne ressent pas la faim au début parce que le corps en a besoin sinon on risque des malaises (ce qui n'est pas faux, mais qui comporte des risques pour l'après, quand la faim revient...). Et en même temps de s'arrêter quand on est pleine sinon on fait un malaise. Et puis cette satiété mécanique n'est pas celle ressentie avec le goût, se contenter de quelques fourchettes est parfois terriblement frustrant, d'où les excès qu'on peut faire une fois que la capacité de l'estomac se "normalise" un peu avec le temps. D'où le risque de dilater son estomac, d'abuser, de reprendre des parts aussi importantes qu'avant mais de les manger en deux fois. Ce qui au final nous amène à reprendre du poids.
Je ne sais pas si je suis très clair mais pour résumer, ces opérations sauvent la vie mais elles ne sont que des régimes forcés et donc elle comporte les mêmes risques pour les troubles du comportement alimentaire.
Pour le stresseur poids, depuis ma perte je n'ai jamais ressentie autant de pression à ce niveau. Dès que je reprenais 500g c'était la cata, même quand j'avais 9 kilos de moins. Mais je veux me détacher de tout ça. Je sais que minceur ne rime pas avec bonheur malgré ce qu'on veut nous faire croire.
Je vais travailler pour vivre en paix avec la nourriture, avec moi-même et envisager l'avenir avec sérenité. Je suis déjà persuadée d'être dans la bonne voie :-) Merci.
En effet, les chirurgies de l'estomac ne sont pas des traitements des troubles alimentaires.
On observe dans les suites immédiates de l'opération une diminition et même une disparition des TCA. C'est ce qu'on appelle la lune de miel. Elle dure environ 12 à 18 mois. Puis le comportement redevient ce qu'il était mais entravé par la réduction de l'estomac. L'opération devient en effet un régime forcé. Mais seulement pour ceux qui continuent à devoir manger comme avant. Pour calmer leurs émotions.
Par ailleurs, beaucoup d'opérés sont remis au régime. Avec un renforcement de la restriction et des troubles qu'elle peut induire. On propose la chirurgie aprés avoir constaté l'échec des régimes puis on demande aux personnes de s'appliquer à refaire ce qui avait aggravé leur surpoids
C'est pourquoi après avoir travaillé sur la restriction et les émotions, vous n'aurez plus cette impression de régime forcé. Vous mangerez selon votre faim, certes elle aura des manifestations différentes. Mais finalement, comme tout un chacun, vous n'aurez plus qu'à écouter votre corps.
A très bientôt.
JPZ
Bonjour PatG,
Je me pose la même question sur le plaisir. Disons que je prends du plaisir à manger, je cuisine et je pâtisse beaucoup (trop ?) et rien qu'en écrivant ce trop entre parenthèses c'est tout le poids de ma culpabilité qui fait son apparition. Car, je n'ai pas de plaisir qui soit complètement libre et serein. Même une pomme mangée entre les repas déclenche en moi de la culpabilité, finalement dès que je mange je culpabilise. Je prends du plaisir à manger, grandement, mais cette petite voix, le " tu devrais pas, demain tu vas le payer cher sur ta balance" est là et le pire du pire...c'est que cette culpabilité négative m'entraîne à manger plus encore et plus mal encore...
Docteur Zermati, je me demande. Si c'est la culpabilité de manger qui me fait manger, comment m'en sortir ? Si dès qu'un aliment franchi ma bouche je pense à son effet sur ma ligne, comment faire ? A chaque fois c'est pareil, je me venge derrière pour faire taire cette culpabilité par un gros "tant pis" en mangeant tout ce qu'il ne faut pas, je compulse, ce n'est pas un tant pis au final, c'est de l'autodestruction.
Je ne vois pas comment m'en sortir en fait. Est-ce que, sincèrement, mon cas n'est pas totalement desespéré, trop traumatisé par mon vécu et des comportements "réflexes" trop profondément ancré ?
Désolée pour ces questions mais ayant commencé le carnet alimentaire j'ai l'impression d'aggraver les choses, rien que le fait de m'observer manger me stress et quand je vois que je fais 7 prises par jours, dont 2 EME...j'ai tellement peur... :(
[quote=Ambre92]
Désolée pour ces questions mais ayant commencé le carnet alimentaire j'ai l'impression d'aggraver les choses, rien que le fait de m'observer manger me stress et quand je vois que je fais 7 prises par jours, dont 2 EME...j'ai tellement peur... :(
[/quote]
Bonjour Ambre. Je comprends tes peurs et tes désarrois mais tu es loin d'être la seule dans ce cas. La culpabilité à manger, je connais et bien d'autres aussi. Sept prises par jour ? Dont deux EME ? Rassure-toi, tu es loin d'être la seule !
Le travail prend du temps mais le changement est possible, j'en suis la preuve vivante. On ne guérit pas en un jour, ça va plus vite pour certains que pour d'autres. Mais on avance, chacun à son rythme. Les changements sont parfois spectaculaires, parfois on a l'impression d'avancer à pas de souris. Mais quoi qu'il en soit, on avance. Et on change !
Si tu savais à quel point ma vie a changé depuis que je suis inscrite sur le site ! Tu peux aller voir la section "Livre d'Or" du forum, tu pourras y lire des témoignages qui te prouveront que c'est possible :-)
Bonjour Ambre,
Je comprends très bien ton stress par rapport au poids et ta culpabilité face à la nourriture, pour l'avoir vécu (et je pense que ce n'est pas fini...) moi-même.Je me demande si tu ne devrais pas commencer par la RPC (ou mindfullness), qui pourrait peut-être t'apprendre à développer un certain recul par rapport à ces émotions négatives.Je me permets de te dire ça ,car cela m'a pas mal aidée... (j'avais d'ailleurs fait un stage de mindfullness avant de m'inscrire sur LC)
Merci pour le conseil d'aller voir la partie "Livre d'or", un régal de lecture pour un dimanche matin ^^
Hier soir je me suis retrouvée dans une situation fort désagréable, le restaurant entre ami et cette pression pour continuer le repas parce qu'on a payé et que personne comprendrait qu'on annule et s'arrête à l'entrée parce qu'on a totalement plus faim après ! Ca m'a agacé, énervé, après moi de pas avoir plus de caractère pour dire "Zut" et après mon amie qui m'encourageait à continuer de manger :/
Bon, première et dernière fois que ça se produit, enfin première fois que j'ai vraiment conscience qu'il faut que je m'arrête de manger sous peine d'exploser et qu'il faut que je m'en fiche de l'effet social que ça produira ;-)
Bref !
Tiramisu, la RPC c'est en fait du recentrage sur soi-même dans le présent c'est ça ? Hic et Nunc, être ici et maintenant et accepter sans jugement négatif ?
Bonjour Ambre,
Ton témoignage m'a beaucoup touchée, même si je ne suis pas encore intervenue sur ce fil.
Je comprends ta réaction et finalement ta colère à propos de ce restaurant. Mais c'est aussi un avantage de la méthode. Il peut arriver qu'une fois tu manges au-delà de ta faim pour des raisons de convenances sociales par exemple. Ce n'est pas grave dans la mesure où tu rééquilibres sur la journée suivante : attendre ta bonne faim poure prendre le repas suivant et les suivants. Un truc aussi est d'anticiper de façon à arriver au restaurant avec une bonne faim.
Bon courage, et ne te prive pas de bons moments de convivialité, car si tu rentres à nouveau dans un système de restriction cognitive, tu vas retomber dans les EME.
Amicalement,
Didil
Pas de panique Ambre, un pas après l'autre c'est encore la meilleure façon d'avancer non ?
Je fais la fière comme ça, mais je n'ose pas te dire combien de tempêtes m'ont agitée, combien de torrents de larmes j'ai versé face à mon incapacité à faire face, à ne pas maigrir, à manger sans faim...et j'en passe et des meilleures!!!
Aujourd'hui pour moi, la vapeur s'est inversée. L'habituel c'est la sérénité face à mon alimentation, quelles que soient les circonstances, les gens qui partagent ou pas mes repas, que je sois chez moi, au restau, chez des amis...Les courses ne sont plus un casse-tête ou l'occasion de faire des réserves à ne plus finir. A part l'achat de pain frais, je peux rester presque une semaine sans acherter à manger, j'arrive à voir mon frigo se vider et je ne me jette plus sur les promos qui me faisaient acheter 3 fois plus de nouritures que nous ne pouvions en manger. Ca c'était la peur de manquer ! Fini également la panique de ne pouvoir manger "équilibré". J'écoute au mieux les messages de mon corps et de ses besoins et ça ne se passe pas si mal que ça en définitive
Bien sur, il reste les Envie de Manger Emotionnelles que j'essaie de comprendre au mieux, de repérer et de gérer au mieux ! Mais là aussi, fini la culpabilité, fini l'auto-dépéciation.
Oh bien sur, quelquefois , la panique me gagne encore, et j'ai peur que mon corps qui m'a trahi alors que je le maitrisais si bien, j'ai peur que ce corps que j'ai maltraité tant d'années, que j'avais cru tellemnt bien dompter, j'ai vraiment peur qu'il me lâche à nouveau. J'ai peur parfois de cette sérénité si fragle, j'ai peur que ce ne soit qu'un rêve, j'ai peur que ce ne soit qu'un leurre. Mais non. Cette peur-là comme toutes les émotions, passe, il me suffit d'attendre que l'orage s'éloigne et à nouveau je reprends du mieux que je peux le cours de ma vie avec mon corps comme allié.
Alors effectivement tous ces messages de réassurance que tu peux lire, ce sont nos messages qui viennent du coeur.
Sois patiente, accorde-toi du temps, de la douceur, de l'humilité. Accorde-toi le droit de ne pas savoir, de ne pas comprendre, de ne pas avancer. Les choses se mettront en place petit à petit.