Les envies de manger émotionnelles et le surpoids

La chercheuse Sandrine Péneau, maître de conférences en nutrition à l'université Paris 13, a suivi pendant 4 ans plus de 35 000 adultes par le biais de questionnaires annuels, dans l’objectif de mesurer la tendance à manger sous le coup de l’émotion. Ce qu’on appelle depuis, tellement de personnes s’y sont reconnues, « manger ses émotions », ou encore les « kilos émotionnels ».

L'alimentation émotionnelle favorise le surpoids

Cette étude sur l’alimentation émotionnelle a montré que :

Manger sous le coup de l'émotion est plus fréquent chez les personnes au régime : 70% des personnes suivant un régime et 60% des personnes ayant fait un régime dans le passé ont tendance à l’émotionalité alimentaire, pour moins de 40% pour celles qui n'ont jamais suivi de régime.
Les femmes ont davantage tendance à manger sous le coup de l'émotion : 20% d'hommes et 52% de femmes indiquent une forte émotionalité alimentaire.
D’après les chercheurs, ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que les femmes suivent plus souvent des régimes que les hommes.
Être sujet à la compulsion alimentaire émotionnelle est un facteur de risque de surpoids : 57% des compulsifs sont en surpoids.
Les femmes qui ont tendance à l’alimentation émotionnelle ont un risque 2 à 2,5 fois plus important d’être en surpoids que les femmes qui ne montrent pas d’émotionalité alimentaire.

D’après les résultats de l’enquête, après une émotion, les femmes mangent davantage, en augmentant la taille de leurs portions, ou en choisissant des aliments à forte teneur calorique.

Les émotions à la base des compulsions alimentaires

L’enquête liste également les situations psychologiques favorisant cette tendance à la compulsion émotionnelle :

Être ou se sentir seul
Être ou se sentir nerveux
Être déprimé.

Les émotions négatives semblent le plus favoriser l’envie de manger émotionnelle. C’est aussi ce que soutient le Dr Stéphane Clerget, psychologue français, auteur du livre Les kilos émotionnels : comment s'en libérer ? et les Dr Isabelle Huot, nutritionniste, et Catherine Senécal, psychologue, auteures de Cessez de manger vos émotions, Briser le cycle de la compulsion alimentaire.

Mais les émotions positives peuvent également entraîner l’émotionalité alimentaire et la tendance aux compulsions alimentaires hyperphagiques (boulimiques). C’est ce qu’ont démontré les chercheurs américains du Positive Emotion and Psychopathology Laboratory de l’Université du Colorado Boulder. Toute émotion peut donc conduire à l’alimentation émotionnelle.

Les aliments privilégiés par l'alimentation émotionnelle

Les personnes qui se tournent vers la nourriture pour se sentir mieux privilégient des aliments très caloriques de type gâteaux, sucreries, chocolat ou chips, dont elles font au final une plus grande consommation que la moyenne.

La consommation en excès de ces aliments à forte densité calorique, pour combler des besoins non pas physiologiques mais émotionnels, expliquerait aussi que l’alimentation émotionnelle favorise le surpoids.

Les aliments sont ici utilisés comme source de réconfort, remarquent les chercheurs, alors que souvent la réaction face à un stress est plutôt de couper l’appétit.

L'alimentation émotionnelle doit être prise en compte dans le traitement de l'obésité et du surpoids

Les chercheurs concluent leur grande étude en soulignant qu’il ne faut pas sous-estimer le rôle de l’émotionalité alimentaire en prévention ou en traitement du surpoids.

Accepter et mieux gérer ses émotions fait partie intégrante de la thérapie comportementale et cognitive de l’alimentation, suivie par le programme LineCoaching.

Sources : Sandrine Péneau, Estelle Ménard, Caroline Méjean, France Bellisle et Serge Hercberg, Gender and dieting modify the association between emotional eating and weight status, American Journal of Clinical Nutrition, Avril 2013
Cohorte NutriNet Santé - grande étude d’observation des comportements alimentaires lancée depuis 2009 et basée sur des enquêtes en ligne avec un suivi sur 10 ans.

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