Et si j'arrêtais de me "perfectionner"
Bonjour à tous,
J'ai eu comme une révélation l'autre jour en découvrant un blog "anti-régime" (the fuckitdiet) qui invite à arrêter d'essayer de se changer, de modifier son corps, son poids et apprendre à s'accepter (stop fixing yourself because you are not broken). Et d'arrêter toutes règles liées à l'alimentation afin de normaliser son rapport à l'alimentation. J'ai réalisé que j'essaye depuis 27 ans de modifier mon corps en le contrôlant à travers l'alimentation et le sport. C'est ce contrôle qui m'a poussé aux multiples régimes mais également ce contrôle qui m'empêche d'avancer dans LC car le but depuis le début pour moi est la perte de poids.
J'espère perdre du poids avec LC, car j'associe toujours une tonne de choses à la minceur (quand je serai mince je serai heureuse, légère, agréable, détendue etc.... ) Et j'ai appliqué la méthode comme une bonne perfectionniste en culpabilisant dès que je ne mangeais pas à ma faim ou que je ne m'arrêtais pas à satiété et en considérant les EME comme des choses à éviter. Et je me prenais la tête à chaque repas : est-ce que j'ai faim, j'ai pas très faim, je devrai attendre, si je n'ai pas faim "il ne faut pas" que je mange, j'ai pas réussi à m'arrêter à satiété, je suis nulle, je suis incapable même d'appliquer une méthode aussi simple etc.... autoflafellation/culpabilité en boucle continue et beaucoup d'anxiété. Du coup, même si j'ai arrêté de faire de grosses compulsions EME je n'ai pas perdu de poids mais je me sens en "échec" depuis 2 ans.
La réalisation que je n'ai pas à changer mon corps a été une énorme libération et m'a fait prendre conscience que j'essayer tout le temps d'être parfaite en tout. Je me suis dit que j'en avais marre de vivre ma vie à essayer d'être parfaite en tout : mère parfaite, épouse parfaite, parfaite dans mon job, parfaite à me détendre, parfaite à perdre du poids, parfaite à faire de la PC, parfaite à manger uniquement quand j'ai faim, planifier des vacances pour qu'elles soient parfaites, l'ensemble de ma vie n'est qu'une quête vaine de perfection. Je me mets la barre hyper haut dans absolument tout ce que j'entreprends sans me laisser une once de répis et je m'étonne ensuite d'être épuisée, stressée et incapable de me détendre. Depuis toujours j'ai refusé de remettre en question cette manière d'être car elle a été un moteur énorme, j'ai réalisé des tas de choses à être ainsi. Mais aujourd'hui je n'en peux plus.
Alors je lâche l'affaire, je suis totalement, inexorablement imparfaite et c'est ok. Depuis cette réalisation, j'identifie beaucoup mieux les milles et unes pensées automatiques qui me traversent la tête tout le temps (souvent sur le thème il faut/je dois/t'es nulle/t'aurais pas du) et je m'autorise réellement à manger absolument tout ce que je veux quand je veux si j'ai faim ou pas et même en regardant la télé puisqu'il n'y a plus d'enjeu. Me suis dit que manger devrait être plus facile que ce que j'en ai fait jusqu'ici.
C'est comme si un énorme poids (c'est le cas de le dire) s'était envolé de ma poitrine.
Et vous, vous êtes vous déjà demandé comment vous mangeriez s'il n'y avait plus l'enjeu du poids ? et comment vivriez-vous si vous deviez garder le corps que vous avez aujourd'hui?
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Coucou Liegama,
Contente de te voir réapparaître ici ! Ah le perfectionnisme c'est également un poison pour moi. J'ai lu le livre l'apprentissage de l'imperfection de Tal Ben-Shahar qui préconise d'être optimaliste plutôt que perfectionniste eh bien après cette lecture je voulais devenir une parfaite optimaliste !
Question poids, je pense que je ne me prends plus la tête mais j'ai toujours l'espoir de perdre du poids. En fait, mon poids varie en fonction du fait que j'écoute mes sensations alimentaires ou non. Et je n'ai pas une idée vraiment précise de pourquoi des fois je suis dans l'écoute et à d'autres moments non. Je n'arrive pas vraiment à savoir si quand je ne suis pas dans l'écoute je suis dans le contrôle.
Coucou Fred,
Bouquin intéressant, qui me ferait du bien de relire maintenant que je suis un peu plus ouverte à l'optimalisme.
Est-ce que tu es devenue optimaliste? C'est justement l'abandon de cet espoir de perte de poids qui me permet (c'est le début on verra dans quelques mois si ça se maintient) d'être dans l'écoute et non dans le contrôle pour la première fois. Je pense que tout l'enjeu de la perte de poids créait un stress permanent, presque subconscient qui m'empêchait de lâcher totalement le contrôle. C'était assez subtile, j'arrivais à manger en ayant une bonne faim, mais là où ça se corsait chez moi c'est la qualité et quantité des aliments ingérés.
Une fois à table, j'étais assaillie de pensées automatiques dont je n'avais pas pleinement conscience du genre : tu peux manger tout ce que tu veux, et donc tu peux manger ce gâteau au chocolat, mais as-tu vraiment faim? peut être que tu pourrais attendre un peu, tu n'as plus vraiment faim, ce serait mieux alors de ne pas manger le gâteau ou d'attendre d'avoir une vraie faim et je ne mangeais pas le gâteau au chocolat ou autre aliment en me convaincant que c'était mieux pour "perdre du poids".
Cette manière de penser crée un sentiment permanent de manque et envoie constamment à mon corps des signaux de "restriction". Or tout signal de restriction, même la simple pensée : je devrai manger moins de si ou de ça entraîne des EME.
Par exemple, je n'arrivais pas réellement à ressentir la satiété car je l'attendais avec ma tête et je finissais par me servir des portions que ma tête avait décidé comme raisonnables et que je terminais systématiquement. Autre sorte de restriction, je me forçais encore à manger "équilibré" : chaque repas devait comporter un mélange de légumes, féculents, protéines, bon gras ce qui entraînait une incapacité à écouter mes vrais appétits auxquels je ne faisais pas confiance. C'est un travail d'arriver à faire confiance à mon corps et à totalement lâcher la tête, mais de ne plus avoir l'enjeu de maigrir m'aide au plus haut point.
A contrario hier j'ai écouté mes appétits, j'ai mangé exactement ce que je voulais quand je le voulais, cela a inclus du granola à minuit (alors que je m'empêchais de manger après 22h le soir sous prétexte que ça allait ralentir ma perte de poids), des frites avec mayonnaise à midi, du pain beurré et le tout avec un relatif plaisir.
Le plaisir était également jusqu'ici un stress car je pensais en tout ou rien : soit je prends un immense plaisir à manger, et je "dois" manger que des aliments qui me font "parfaitement plaisir" soit je suis frustrée et alors EME. Je comprends maintenant que le plaisir que je peux avoir parfois dans un resto devant un super plat ne peut pas se reproduire 3 X par jour tous les jours (encore une idée de perfectionniste). Par contre j'ai plus de plaisir à manger des aliments qui me font envie au moment où j'en ai envie que de me forcer à manger des aliments dont je n'ai pas vraiment envie.
Qu'est-ce que tu espères en perdant du poids quelle vision as-tu de toi ayant perdu du poids, qu'est-ce que ça changerait de si fondamental dans vie ?
eh ben dis donc c'est une belle prise de conscience ça liegama!
c'est fou de voir à quel point on peut se mettre des diktats avec l'idée que ci ou ça va nous apporter quelque chose
de mon côté je ne renonce pas à me perfectionner, car je pense que c'est un mouvement naturel de l'être humain
mais il est vrai que je n'ai en aucune façon ce genre de pression interne
je serai plutôt à l'inverse, allergique aux revues qui prônent ce style de femme parfaite en tout
je dirai même que cela m'a posé problème aussi pour manger selon mes sensations, car n'avoir envie dans mes papilles que de fruits et de légumes, ça faisait trop "sain" pour être sexy
les personnalités sont bien différentes mais je pense que le besoin de perfectionnement n'est pas mauvais en soi, on est poussé à s'améliorer, à aller dans telle ou telle direction
le mieux c'est de le faire à l'envie et surtout pas pour avoir l'impression que cela va nous permettre d'être "accepté" "aimé" par les autres
les autres nous aiment plus quand on est imparfaits, et de loin.....
mais on peut avoir envie d'améliorer certaines choses en nous-mêmes
par exemple de mon côté j'ai envie d'améliorer mon rangement, et j'ai de la marge de progression
simplement cette amélioration n'est pas un enjeu d'acceptation sociale, c'est ça qui est très important
de mon côté j'ai déjà été plus mince que maintenant, et dans les faits cela ne change rien à part le fait qu'il est beaucoup plus facile de s'habiller, qu'on fuit moins l'appareil photo et sinon rien d'autre
Bonjour Izabelle,
Je n'ai pas trouvé de traduction idéal au "stop fixing myself" en anglais, j'ai traduit "arrêter de me perfectionner" mais ce n'est pas exactement cela que je veux dire. Se perfectionner, s'améliorer est sain et positif, mais l'envie de "fix yourself", de se "solutionner "comme si on était "damaged", abimé et qu'il nous fallait nous "réparer" n'est pas sain, car cela part d'une croyance que nous sommes "mauvais" et qu'il nous faut mériter notre existence. Croyance qui m'habite depuis toujours.
Je crois que d'arrêter de "fix myself", c'est faire le deuil du statut de minceur auquel j'ai accroché tellement d'espoirs et d'illusions et d'arrêter de lutter et me défendre contre la souffrance inéluctable que la vie apporte parfois.
Car à force de me protéger de la souffrance, de passer mon temps à me couper de mes émotions négatives, je finis par ne plus vivre mes émotions positives et un sentiment d'insatisfaction permanent m'habite. La pression interne que je vis viens de ma croyance qu'il me faut tout contrôler pour éviter à tout prix la souffrance, et ce contrôle m'épuise.
Parfois j'arrive à rester un moment avec une émotion ou un vague sentiment d'inconfort, je n'arrive pas du tout à identifier comme toi ce qui me traverse, c'est juste terriblement inconfortable mais je ne sais pas mettre de mots dessus. Je ne sais pas bien si je suis traversée par de la colère, de la tristesse, de la peur et je ne sais pas comment mieux identifier mes émotions.
oui to fix c'est résoudre un problème comme je le comprends
donc c'est comme si soi-même à la base on était un problème, du moins certains traits de personnalité ou le physique
y'a pas mal de gens qui raisonnent comme ça, évoquant souvent "mon problème" ou "mes problèmes"
moi même pour ma fille petite j'avais tendance à raisonner comme ça : il y avait UN PROBLEME
un jour une dame que je l'emmenais me voir m'a dit un truc dans le style "y'a surtout des solutions"
et bizarrement ça m'a libéré, de ne plus voir les difficultés de la vie comme des problèmes
quand j'étais petite, chaque année scolaire je me focalisais sur un "problème" (mon poids, le sport, tel cours) et ça prennait toute mon attention, ça m'empêchait de vivre
depuis que je pratique le fait de vivre mes valeurs à fond, j'ai traversé plus d'émotions mais ma vie s'est enrichie d'autant
je pense qu'il faut que tu renonces à identifier l'émotion, peut- être que tu cherches encore à contrôler
ne cherche pas à savoir quelle émotion te parle, mais simplement pose-toi, accuelle-là dans ton corps et écoute ce qu'elle te dit
ce n'est pas grave du tout de ne pas identifier, l'essentiel est d'arriver à l'accueillir dans le présent, donc dans tes sensations
comme tu le vois, cela t'amène à d'importantes prises de conscience, c'est donc que tu progresses en ce sens
par rapport au "fix yoursel" c'est possible que ça soit qqchse qui te vienne de tes parents aussi, c'est à mon avis assez fréquent
Sincèrement je pense que ça ne changerai pas énormément de choses dans ma vie de tous les jours de perdre du poids. Je pense que c'est plus une question de regard des autres.
En fait, ce que je voudrais c'est être plus à l'aise avec mon corps que je dissocie de ma tête. Je ne l'assume pas et assume encore moins de prendre du plaisir avec lui que ce soit au niveau du sport ou de la sexualité et cela m'embête véritablement beaucoup !