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LC pour se sortir des TCA ?

Communauté et échange On papote
22 avr 2014 à 14h
Bonjour à tous, je me présente un peu.
Après une enfance et une adolescence en surpoids, j’ai passé les premières années de ma vie d’adulte en état d’obésité morbide telle qu’elle est définie par le corps médical (115kg pour 1,70m). Après ma grossesse, j’ai consulté une diététicienne et réussi à perdre beaucoup de poids en combinant un réequilibrage alimentaire et du sport. Je suis descendue à 58kg (j'adorais mes os saillants...) puis mon poids est resté stable, entre 62 et 64kg, pendant près de 2 ans, et maintenant il remonte doucement, je suis à 69kg (!!!). Malgré une pratique sportive intensive (j'y reviendrai), je refuse de croire que ce n'est que du muscle, même si mon corps est sculpté et peu gras.
Je passe mon temps à contrôler mon alimentation, je culpabilise dès que je mange un aliment qui me semble "interdit” (alors que ma diététicienne ne m’a jamais posé aucun interdit) et je pratique le sport à outrance de peur de regrossir. Je suis sujette à des crises d’hyperphagie où je mange tout ce qui me tombe sous la main pendant 1h, puis je ne mange plus rien de la journée et enchaîne les séances de sport pour annuler l’effet de ma crise. Je ne grossis pas, mais j’ai bien conscience que mon comportement alimentaire n’est pas sain. Ces crises se produisent la plupart du temps dans la journée et je me retrouve à errer dans le supermarché à la recherche d’aliments les plus gras et les plus sucrés possibles pour assouvir ma compulsion.
Parfois, après le dîner, alors que je me suis “bien comportée” toute la journée, j’ai encore envie de manger (mais pas forcément faim) et erre dans la maison à la recherche de ce que je pourrais bien manger. J’ai peur de manger plus à table parce que si je craque malgré tout après, j’aurai “mangé double”. Parfois, je réussis à me contrôler et à ne pas me gaver, mais je ne retiens que les craquages. Il est fréquent que je m’affame (en réduisant mes repas au strict minimum pour tenir), au point de n’en plus réussir à dormir.
Ce ne sont pas des angoisses qui déclenchent ces crises, elles débutent souvent par une simple petite faim ou une envie d’une petite douceur, puis je dévalise une boulangerie parce que quand je commence, je n’arrive plus à m’arrêter. Je me dis “foutu pour foutu, autant me gaver, j’éliminerai plus tard”, en perdant tout raisonnement sensé. Tout y passe, et il m’arrive même de me faire un mélange farine + eau que je fais chauffer et que je mange juste pour le plaisir d’avoir de la nourriture en bouche. Mes placards sont vides de tout ce qui pourrait me tenter mais peu importe, je peux même manger des boites de haricots froids dans ces cas-là. Ces crises surviennent très souvent lorsque j’ai terminé mon repas du soir, comme si mon corps faisait le compte de ce dont il avait besoin dans la journée et de ce que je lui ai donné, et qu’il me forçait à compenser les manques ressentis. Mais évidemment, ce n'est pas sur une pomme que mon "choix" (ce n'est pas vraiment un choix dans ces cas-là) va se faire dans ces circonstances.
Ce qui me fait peur, c’est de réaliser que lors de ces “craquages”, mon plus grand souhait serait d’arriver à me faire vomir, mais même ce simple contrôle physique m’est impossible la plupart du temps. J’en viens même à souhaiter perdre l’appétit et le plaisir de manger. Ce serait bien plus simple. Du coup je contrôle en augmentant mes séances de sport. En temps normal, je pratique 1h de sport par jour minimum (vélo elliptique, footing, cours de fitness très cardio), mais je peux monter facilement à 3 ou 4h quand je ressens le besoin d’éliminer un repas. Evidemment, mes articulations commencent à me faire ressentir mes abus de sport, et j'ai parfois des pensées du style "la meilleure solution pour prendre soin de mes chevilles/genoux, ce serait d'apprendre à me faire vomir !". Et évidemment, même si j'ai fait une orgie au petit déjeuner, le fait de faire 4h de sport dans la journée sans autre repas entraîne un nouveau craquage... c'est un cercle vicieux. J'en viens même à m'insulter toute seule (je deviens folle dans ces cas-là !)
Quand je parle d'orgie, c'est vraiment que je mange jusqu'à en avoir la nausée, pas "juste" un paquet de BN. Par exemple, la dernière "crise" a été violente : 1 baguette 1/2 beurrée, 2 gros cookies, un croissant aux amandes, une brioche, du nougat, des sablés et un pot de glace Ben&Jerry's. En gros, tout ce que je ne m'autoriserais JAMAIS à manger si j'avais le contrôle de mon corps. Et en ce moment, ça peut être 3 fois/semaine, alors que je n'ai pas de soucis particuliers.
J'ai testé la chrononutrition en début d'année puis ai rapidement abandonné, j'avais faim tout le temps malgré les quantités plus importantes.
Le fait est que je suis complètement obsédée par la nourriture : quand je ne mange pas, je pense à ce que je pourrais manger ; quand je mange, je fais attention en me disant que comme ça je pourrai manger plus (plus gras, plus sucré, plus calorique tout simplement) quand je craquerai (parce que je sais bien que je vais inévitablement craquer). Le reste du temps ? Je consulte des recettes que je ne ferai jamais "parce que c'est trop gras ou trop sucré et que le gras et le sucre c'est le mal". Je suis pourtant une personne intelligente et raisonnée, mais pas quand il s'agit de nourriture. 
Je me sens complètement idiote de tant me soucier de tout ça alors que mon poids reste relativement stable, mais je souffre de la situation. Puis je me dis que les saloperies que j'ingurgite lors de mes craquages (surtout la quantité) ne doivent pas faire de bien à mon corps. Evidemment, je fais tout en cachette de mon compagnon et de mon fils (je ne voudrais surtout pas qu'il me voie dans cet état, pour ne pas lui montrer le mauvais exemple mais aussi pour ne pas qu'il voie maman hors contrôle). Je culpabilise d’autant plus. Je leur prépare des repas équilibrés, je ne mange que des légumes et des viandes/poissons grillés ou vapeur à côté d’eux. Je partage très rarement leurs menus. J’essaie des réequilibrages à droite à gauche mais le vrai problème, je pense, est ce besoin de contrôle, mais également ce besoin d’analyser chaque échec.
Je ne sais plus comment retrouver la personne que j’étais avant de vouloir contrôler mon poids à tout prix. La jeune femme insouciante, heureuse de vivre, bonne vivante même, qui prenait plaisir à cuisiner et se mettre à table. Je me rends compte que j’étais bien plus heureuse obèse que je ne le suis maintenant et je me dis souvent que si je me laissais aller à reprendre du poids je retrouverais probablement celle que je cherche au fond de moi, mais rien que cette idée m’angoisse.
J'ai bien conscience que c'est un vrai trouble du comportement alimentaire, une anorexie/boulimie dont je ferais mieux de parler à un psy, mais je ne vois pas ce que je lui dirais : j'ai beau creuser, je ne mange pas pour camoufler quoi que ce soit, simplement parce que j'ai envie de manger ! Et je ne suis pas obsédée par mon corps, le culte de la minceur ou quoi que ce soit, c'est vraiment le chiffre sur la balance qui me fait peur, pas l'idée d'un corps plus gros. 
Je tente la méthode LC pour essayer de retrouver un rapport plus sain à la nourriture, j'ai envie d'y croire... même si je sais bien que ce que je préférerais retrouver, c'est le contrôle et la maîtrise de moi que j'ai eu pour perdre mes 60kg. 
 
Merci de m’avoir lue, j'ai été un peu longue... désolée pour le pavé.

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49 commentaires

[quote=Ash]

Je me demande quand même si je ne devrais pas m'avouer que je suis gourmande et que j'adore manger, plutôt que de chercher des raisons émotionnelles à chacune de mes envies... c'est possible aussi d'être simple, non ? Parce que c'est plutôt ce questionnement permanent qui me semble tout intellectualiser. 

[/quote]

Ash, je te prie de m'excuser par avance, je vais être directe. Tu as un sérieux problème et il nécessite de l'aide. Et tu le sais. Je suis persuadée qu'au fond de toi tu le sais. Ce que tu décris là n'a rien à voir avec de la soi-disant simple gourmandise, les comportements sont extrêmes, dans les actes et la place qu'ils prennent dans ta vie (que ce soit la nourriture ou le sport, c'est pareil, ils sont en lien), induisent une profonde souffrance et sont la manifestation d'une profonde souffrance aussi. Tu tournes autour, tu prends la température, tu tergiverses, mais tu le sais ; tu te bats comme une lionne aussi, fais preuve de beaucoup de volonté et de discipline, essaies de toutes tes forces. Tu vois bien que tu es arrivée au bout d'un fonctionnement et que la volonté et la force n'ont rien à voir. Tu n'es pas faible, ou nulle ou que sais-je. Bien au contraire. Mais tu es arrivée au bout d'un système, et ta vraie force, là maintenant, ça va être d'aller chercher de l'aide, sous la forme que tu auras choisie, mais elle doit nécessairement être extérieure et par un professionnel. C'est faire preuve d'une grande force que de l'accepter.
Sois sympa avec toi, fais-le,  lance toi.
Amitiés et bon courage (et tu n'en manques pas il me semble !)
(j'espère que tu ne te méprendras pas sur la motivation de ce message, tant pis j'appuie sur "envoyer")

Oh je ne me méprends pas du tout, au contraire, comme tu le dis je sais bien qu'il y a un souci. J'ai encore le faible espoir de réussir à m'en sortir seule en me laissant "une dernière chance", je fais vraiment de mon mieux pour lâcher prise autant que je le peux. Curieusement, ça me semble moins une bataille que mon quotidien a pu l'être ces derniers temps, peut-être tout simplement que je suis prête ou simplement plus ouverte au progrès. Je l'espère du moins. 

Mais bon dans ma tête c'est encore un peu le flou, pour schématiser façon dessin animé, y a le petit ange d'un côté qui me dit "fais-toi aider" et le petit diable qui me dit "bonne à rien, bouge-toi le cul !". Mais dans la mesure où (pour une fois) les deux ont le même but, je devrais bien finir par arriver à quelque chose ! wink

Je rejoins fred , la gourmandise , nous l'apprenons ici ce n'est pas avoir envie souvent de manger de bonnes choses  mais c'est au sens épicurien du terme : vouloir manger un aliment précis  quand on a bien faim pour en profiter au maximum  et cesser de le manger quand le plaisir gustatif a disparu. 

Concrètement ca peut se traduire par préfére manger la glace , ou le dessert ou quoi que ce soit plus tard quand on aura faim ou refuser le chocolat au lait car ce qu'on aime c'est le chocolat noir ou bien traverser la moitié de la ville pour trouver ce prosuit de qualité incomparable à celui du supermarché .  

Il me semble Ash que tu es dans une logique de contrôle très fort et que c'est une des clefs pour toi . C'est vrai que pendant un temps il faut aussi se poser des questions sur ses sensations , ses peurs et ses croyances avec LC mais c'est temporaire et plus vivable et bénéfique que le controle que nous avons vécu avant . 

As-tu contacté les coachs ? 

Quand on mange alors que notre corps ne réclame rien c'est que l'on cherche autre chose dans la nourriture qu'un carburant pour faire fonctionner notre corps. La nourriture grasse a un effet calmant. Si on mange en trop grande quantité c'est pour soit étouffer un ressenti désagréable dont on n'a pas conscience puisqu'on mange pour l'éviter, soit pour prolonger un moment de plaisir. La gourmandise, la vraie c'est manger quelque chose que l'on adore lorsque l'on a une bonne faim. Ce que l'on mange avec faim est nettement meilleur que ce que l'on mange sans faim.

Ca m'a fait rire, ce que tu as écrit, Ash. Moi, c'est l'inverse : j'ai peur de ne jamais avoir faim !

Les docteurs A et Z le disent : la faim protège le poids. Si tu manges en ayant une bonne faim et que tu attends la prochaine bonne faim pour manger, tu ne prends pas de poids. La faim, c'est quand le corps n'a plus de carburant. Il en demande d'autre. Et celui qu'on lui donne, il l'utilise. Quand il n'en a plus, il en redemande. Il ne peut pas en demander en continu.

Ce qui peut en demander en continu, c'est la lutte contre les émotions. C'est pour ça qu'au lieu d'apprendre à compter les calories ou les points, il vaut mieux apprendre à ne pas lutter contre les émotions, à les vivre dans l'instant. C'est plus long et plus compliqué, mais je ne vois aucune autre solution. On n'éteint pas un feu en versant de l'eau à côté. Apprendre à se restreindre alimentairement alors que le problème est émotionnel, c'est comme verser de l'eau à côté du feu.

Ash, je souhaite à ton amie de réussir sa stabilisation. J'ai utilisé les principes de Weight Watchers, ce qui m'a permis de perdre 35 kilos en 3 ans, et d'en reprendre 30 en trois ans. C'est un rééquilibrage alimentaire, mais c'est aussi un régime : il y a des aliments très autorisés et des aliments moins autorisés. La régulation est externe, comme dans tous les régimes (en comptant des points et en respectant certaines règles) or la régulation ne peut être qu'interne (en écoutant les besoins du corps).

Marinebreizh, je pense que nous aussi, on a cette faim moins forte, plus tardive, d'aliments moins gras, tout comme les mangeurs régulés. La différence, c'est qu'on a appris à ne pas faire confiance à notre corps, donc on ne l'écoute pas. Il faut désapprendre à intellectualiser tout ça, nutriments, calories, points, pour réapprendre à manger.

Je me rappelle d'un chat où une des questions portaient sur les protéines, et où le docteur Afpeldorfer répondait que lui, il ne mangeait pas de protéines, il mange (je ne sais plus ce qu'il disait, mais mettons) un petit salé aux lentilles ou des grillades.

[quote=Pattie]

je pense que nous aussi, on a cette faim moins forte, plus tardive, d'aliments moins gras, tout comme les mangeurs régulés. La différence, c'est qu'on a appris à ne pas faire confiance à notre corps, donc on ne l'écoute pas. Il faut désapprendre à intellectualiser tout ça, nutriments, calories, points, pour réapprendre à manger.

[/quote]

C'est exactement ça, même quand j'ai faim entre les repas j'ai vraiment du mal à faire confiance à mon corps. Alors quand je mange j'ai faim, certes, mais manger quand j'ai faim me semble encore compliqué. Disons que j'ai peur d'avoir TOUJOURS faim !

D'accord 100% avec toi Pattie. Je l'ai juste mal exprimé. Quand je compare nous et les mangeurs régulés c'est que nous on a perdu cette régulation... mais on va la retrouver et moi aussi comme le doc A je ne pose plus la question protéine, féculents etc mais choucroute garnie ou ratatouille ...

Ah tiens d'ailleurs hier midi je déjeunais avec une copine qui a repris WW depuis un moment, elle m'expliquait son compte de points pour la journée et tout... je ne vois pas trop la différence avec le décompte calorique que je pratique depuis un bon moment, à part qu'en plus il faut savoir combien de points vaut tel ou tel aliment. 

Elle m'a fait sourire parce qu'elle m'expliquait qu'elle a droit à par exemple 30 points par jour, tous aliments confondus... et que parfois, elle se fait plaisir : si elle sait qu'un gâteau au chocolat complet vaut ses 30 points, elle s'en prépare un le matin et ne mange que des morceaux de gâteau pour ses repas de la journée. Au final, elle est contente, elle n'a pas dépassé son quota, et elle a satisfait ses envies. 

Moi je serais plus du genre à le dévorer dès la sortie du four et à ne plus rien avaler de la journée en multipliant les activités sportives... 

Elle me disait aussi qu'elle arrive à caser un aliment plaisir par jour (elle, son truc, c'est le chocolat, donc un Kinder ou un truc comme ça) tout en restant dans son quota de points, et que le fait d'avoir un quota à ne pas dépasser l'aide à regarder ses placards qui débordent de goûters pour ses enfants sans se jeter dessus. J'aimerais bien avoir cette volonté, j'espère que ça viendra en modifiant mon rapport à l'alimentation !

Ah tiens d'ailleurs hier midi je déjeunais avec une copine qui a repris WW depuis un moment, elle m'expliquait son compte de points pour la journée et tout... je ne vois pas trop la différence avec le décompte calorique que je pratique depuis un bon moment, à part qu'en plus il faut savoir combien de points vaut tel ou tel aliment. 

Elle m'a fait sourire parce qu'elle m'expliquait qu'elle a droit à par exemple 30 points par jour, tous aliments confondus... et que parfois, elle se fait plaisir : si elle sait qu'un gâteau au chocolat complet vaut ses 30 points, elle s'en prépare un le matin et ne mange que des morceaux de gâteau pour ses repas de la journée. Au final, elle est contente, elle n'a pas dépassé son quota, et elle a satisfait ses envies. 

Moi je serais plus du genre à le dévorer dès la sortie du four et à ne plus rien avaler de la journée en multipliant les activités sportives... 

Elle me disait aussi qu'elle arrive à caser un aliment plaisir par jour (elle, son truc, c'est le chocolat, donc un Kinder ou un truc comme ça) tout en restant dans son quota de points, et que le fait d'avoir un quota à ne pas dépasser l'aide à regarder ses placards qui débordent de goûters pour ses enfants sans se jeter dessus. J'aimerais bien avoir cette volonté, j'espère que ça viendra en modifiant mon rapport à l'alimentation !