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Ce que je ressens quand je m'entraîne à ressentir la satiété

Se réconcilier avec ses sensations alimentaires Satiété, rassasiement gustatif et rassasiement global
Animatrice forum En or (1005) Très actif (30)
14 Aoû 2014 à 08h

Hello à tous

l'idée de ce fil est venue en lisant un autre dans le forum  "carnets"

 

l'expérience du fractionnement est souvent terriblement difficile pour les mangeurs émotionnels

j'ai dû m'y reprendre à 5 fois !!!!

 

je pense que c'est lié au fait que cet exercice nous confronte à beaucoup de ressentis,  et les mangeurs émotionnels ayant la facheuse tendance à manger pour éviter de ressentir,  eh bien cela provoque des EME en pagaille

 

j'ai donc pensé à ce fil pour venir exprimer avec des mots ce que l'on ressent en vivant cette expérience, que ça soit dans l'exercice en tant que tel,  ou dans notre quotidien

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89 commentaires

[quote=Violette28]

On est 3 à la maison, et on n'a pas les mêmes gouts. je n'ai pas encore trouvé la solution pour satisfaire tout le monde, si ce n'est à tour de rôle...

[/quote]

trop gentille la Violette!!!!

moi mon principe c'est que c'est celui qui fait la cuisine qui décide du menu!!!

pas mal, hein?

bon d'habitude c'est moi, et je fais en fonction de ce que j'ai envie de manger  (parce que je le vaux bien comme on dit)

et au pire on fait trois menus (le mien élaboré, celui de la petite super basique comme elle aime, mon chéri  une salade pleine de trucs qui trainent au frigo)

mais ceci dit  ma fille maintenant m'aide à faire les menus, ça permet qu'elle accepte des choses plus originales, car en effet on choisit les menus à tour de rôle

mon chéri c'est simple, s'il veut choisir, il n'a qu'à faire la cuisine  (non mais en fait je lui fais de temps en temps des plats qu'il adore, mais quand ça me prend)

d'ailleurs il l'a fait hier c'était chouette (de faire la cuisine je veux dire)

j'ai mangé son bloubiboulga infame (en fait non pour une fois c'était bon, mais c'était quand même du bloubiboulga)

et c'est bon pour lui car d'habitude il mange  "ce qu'il y a "  et finalement il lui manque souvent des éléments, se sent faible ou autre, alors critiuqe ma cuisine

alors j'étais contente qu'il  ait  "envie" d'une tortilla, et surtout l'envie de se la faire tout seul

non parce que la semaine dernière j'étais souvent sortie avec des copines, il a mangé n'importe quoi et ensuite est tombé malade

 

bref je m'égare

 

essaie d'avoir très faim quand  c'est un plat qui ne te botte pas trop, moi ça fonctionne bien,  une faim telle que tout te semble bon

 

ce qui m'aide à apprécier à peu près n'importe quel plat  : avoir faim

quand j'ai une bonne faim, je pense que je trouve "potable"   à peu près n'importe quoi!!!!

4 eme journée de fractionnement aujourd'hui 

Ce matin, rien mangé ; j'ai commencé à ressentir la faim des le matin, puis elle est partie; retour en fin de matinée mais pas eu envie de manger pour garder une bonne faim pour le déjeuner

Déjeuner bof, bon mais bof : un peu de saumon fumé, du riz, une peche; la peche était tres bonne; entre le plat et le fruit, je me suis quand même octroyée 2 lichettes ( vraiment  !) de fromage ( 2 fromages différents) car j'en avais envie et inutile que je finisse par faire une fixette dessus . C'était juste pour avoir le gout dans la bouche car j'avais tres envie de ma peche ..et  peur de ne plus pouvoir la manger

Quand je suis sortie de table j'étais contente d'avoir pu manger ce que j'avais eu envie de manger, même en ( très ) faible quantité

Vers 18h, j'ai commencé à sentir une failm impérieuse ( déjà là depuis 1h ) : j'ai mangé 4 amandes , histoire de tenir jusqu'au diner , mais de ne pas me flinguer mon repas du soir .

Et là, j'ai constaté que 4 amandes c'était suffisant ; pas suffisant sur le coup mais suffisant 20 minutes après  environ . Et par " suffisant " j'entends : suffisant pour tenir confortablement jusqu'au diner, pas suffisant pour calmer VRAIMENT  ma faim . Juste suffisant pour calmer l'urgence ( l'inconfort ) 

Au diner j'avais prevu pâtes aux poivrons et creme vanille ( enfin mini creme pour moi  ) ; Ben j'ai pas pu manger la crème..

Avant la fin de mon plat de pates , j'ai senti un " Stop " massif de mon corps .  Il n'en restait qu'une seule bouchée,et c'était vraiment tres tres bon;  en temps normal je l'aurais mangée ..et c'est d'ailleurs ce que j'ai voulu faire .

Impossible...

Et là, j'ai été bluffée : j'ai jamais ressenti  ce stop là auparavant ( ou aors je l'ai senti et j'ai pas fait attention, je ne sais pas ) .

En fait exactement la même sensation que quand je faisais des compulsions et qu'arrivée au stade ultime, n'en pouvant plus physiquement, je finissais par arréter . Mais j'étais vraiment au stade ultime  hein, celui ou on n'est même plus capable de bouger ...

Ben là, c'est ça que j'ai senti ( alors que franchement, j'étais trèèèèèèèès loin du stade ou on ne peut plus bouger,  ) 

Du coup je me suis dit " zut, foiré, j'ai pas été assez attentive, j'ai trop mangé "..

Et même pas 3 mn apres, la sensation était partie...donc au final, je n'avais pas trop mangé

Il est génial ce" stop " ...^^ .. pas sure que je parviendrai à le ressentir à chaque fois, mais j'ai bien aimé recevoir comme ça un signal aussi clair

Du coup je suis sortie de table contente, satisfaite ( tant pis pour la creme, on verra plus tard ou demain ) 

Mon fils s'est bien foutu de moi , en stigmatisant la ridicule bouchée que je laissais, en me rappelant pendat 1/4 d'heure "qu' avant "je lui demandais de finir ses assiettes, qu'il ne fallait pas avoir les yeux plus gros que le ventre, que laisser une seule bouchée c'était n'importe quoi, etc etc ...

J'ai rigolé avaec lui ; moi j'étais très contente ..:)

[quote=Chléa]

Avant la fin de mon plat de pates , j'ai senti un " Stop " massif de mon corps .  Il n'en restait qu'une seule bouchée

....

Et surtout, j'ai découvert ce changement de gout et ça c'est génial !  rien que pour ça , je suis ravie d'avoir mangé 1 carré de chocolat en trop ^^

J'espère vraiment que je vais pouvoir continuer à ressentir tout ça, à continuer à être à l'écoute des signaux que mon corps m'envoie :)

[/quote]

yes

merci de nous faire partager!

[quote=Pattie]

Je me dis aussi que cette petite tristesse, c'est bien. C'est mieux à ressentir que l'énervement, plus reposant, et peut-être que c'est un pas vers le lâcher-prise, même si j'ai plein plein de pensées contrôlantes.

[/quote]

ah oui puisque la tristesse nous permet d'accepter ce qui ne peut être changer, qq part ça a plus de sens comme émotion par rapport à cette adaptation progressive à ton petit appétit

[quote=Bliss]En gros je disais avoir mangé moins sans ressentir de frustration sur le fait que de petites quantités me suffisent et devoir laisser plein de choses que je ne peux manger. [/quote]

super!

 

[quote=mavo]

Et trouver la clé de la porte de mes émotions, et pouvoir ressentir, au lieu de tout masquer sous les EME, les projets divers et variés, les préoccupations quotidiennes, la sociabilité effrenée, eh bien ce serait super !

[/quote]

il faut que tu commences sur des petites choses, tu ne vas pas ouvrir directement la porte à de grosses angoisses, mais des petits trucs

[quote=mavo]

Mais ce fil me rappelle bien que je mange toujours, en permanence, au dessus de mes besoins.

Et je n'arrive pas encore tout à fait à vivre cette idée comme une bonne nouvelle.

[/quote]

je suis encore moi aussi dans ce cas, mais je prends ça avec patience.....

je me dis qu'il y a des habitudes qui ont la dent dure, et quand on parle alimentation, on parle d'habitudes qui sont quand même plus ou moins liées à la survie, donc normal je pense qu'elles soient ancrées,  dur à changer

ceci dit  aucune roche ne résiste au va et vient patient de la mer qui la carresse

je pense faire la meme chose concernant les quantités

y revenir, toujours et encore

et peu à peu constater que les choses s'intègrent de mieux en mieux

on a tout le temps.....

 

[quote=Evelyne2212]

Grosse mangeuse, mangeuse émotionnelle, peur de manquer, colère et esprit de nullité si je mange trop ou au contraire frustation si je mange moins, j'en passe et des meilleures.

Qui a dit que manger était simple ???

Absente de LC pour quelques jours, je reviens et découvre tous ces comptes rendus qui me concernent écrits par d'autres que moi. Comment avez-vous fait pour rentrer si bien dans ma tête ? C'est de l'humour, évidemment. Mais, c'est tellement soulageant de se rendre compte qu'on n'est pas seule à vivre la même chose.

J'en conclus que le mieux est de reprendre l'expérience du fractionnement, puisque c'est à cette étape que mon corps a commencé à réagir.

[/quote]

fais-le comme tu le sens, fais-toi confiance

tu n'es pas obligée de reprendre l'étape en l'état

et pourquoi pas le défi de Noelle qui s'intitulait  "la petite place?"  (dans le forum  mon expé du programme je pense, mais pas sure)

 

[quote=mavo]

Moyennant quoi j’ai mangé mon dessert et je suis sortie de table incapable de dire si j’avais trop mangé ou pas, car pleine de culpabilité.

[/quote]

oui mais alors laisse-moi te dire que quand même tu ne t'épargnes RIEN !!!

tu n'as pas à être la wonder-woman de la satiété non plus.....

quoi de plus normal que cette joie de se dire "chouette je vais prendre un dessert",   et alors si tu n'as pas pensé à voir si t'avais faim, c'est pas grave......

quoi de plus normal que de ne pas savoir (INCERTITUDE!!!!) si on a trop mangé ou non en sortant du restau,  aliments non habituels, c'est normal de ne pas savoir....

j'ai l'impression que tu te mets un peu trop la pression sur la satiété et de vouloir savoir si tu as bien fait ou non

pars du principe que tu fais de ton mieux, pense global, pense à la louche, pense régulation.....

tu fais du bodyscan?  ça peut t'aider à avoir plus le réflexe d'être dans les sensations du corps

[quote=mavo]

Et là, je m’interroge : quand je ne prends pas de dessert car plus faim, je respecte bien mes sensations, je suis bien « à l’écoute » et pas « dans le contrôle », mais je suis aussi dans la frustration (parce que j’ai beau ne plus avoir faim, j’ai quand même envie d’un dessert).

Ya un truc qui m’échappe.

[/quote]

moi quand je n'ai plus faim et quand même envie de dessert, eh bien j'en mange une bouchée que je fais fondre sur la langue et en sentant le goût  "à fond",   tu ne sens pas plus le gout dans un dessert entier que dans une bouchée

mes papilles se réjouissent, mon estomac est content de ne pas s'alourdir alors qu'il est déjà au complet

ce qui fait qu'au resto soit je ne prends pas de dessert (de tte façon ils sont souvent dégeu) et juste un café (c'est mon péché mignon) soit je chipe dans la glace de ma fille,  soit j'en prends un et après la première bouchée je file le reste à mon homme,  soit je prends un café gourmand

bref y'a plein de façon de ne pas être frustré sur "le gout"  sans pour autant frustrer son envie d'être globalement à satiété (pas pour "bien faire"  mais pour se sentir bien)

 

 

moi hier soir mon chéri a fait le repas

déjà une tonne d'huile dans la poele, pensées de controle  "alors il va falloir que je fasse attention"

ensuite il me sert, c'est bon, j'ai encore faim, je me ressers, avec du pain car oui j'ai faim....

ensuitre encore envie d'une salade, mon dessert habituel

mais je me sens légère et j'ai l'impression que j'ai peu mangé

 

du coup j'ai pensé à interroger mon estomac :  ben oui c'est bon, moi c'est ok....

mais peur......

peur de maigrir je pense, finalement

donc je suis restée avec cette peur là,  en me reconnectant souvent à mon estomac qui était tout léger mais sans aucune tiraillement, une sorte de paix

j'ai accepté de vivre en même temps cette paix et cette peur

PS : pour les quantités de plat au restau, j'ai aussi plusieurs stratégies

- d'abord j'arrive avec les crocs, moyennant quoi je peux généralement, avec mon appétit, me satisfaire d'une assiette standard (bon je ne mange pas de viande ça aide peut-être un peu)

- ensuite j'ai mon homme qui a plus d'appétit que moi, donc il peut m'aider

- enfin j'ai mon homme qui est pret à trimballer tout reste dans une serviette pour éviter que ça soit gaché (c'st comme ça que j'ai souvent fini avec le sac qui sentait la pizza, parce que lui n'a pas de sac bien sûr)

- et enfin malheureusemnet je vais presque toujours dans le même restau donc je connais les portions et donc je sais quoi commander par rapport à mon appétit

- et en général dans les restaus (le restau moyen où je vais malheuresuemetn toujours le même), je trouve les desserts bien plus baclés que les plats, donc je zappe plus volontiers dans la mesure où c'est mauvais

- et enfin comme je ne vais pas souvent au restau, si c'st bon je n'éhsite pas à dépasser ma satiété parce que bon, faut profiter, j'adore la bonne cuisine et je déteste la mauvaise

bien sûr si c'est mauvais je ne me generais pas pour laisser (sauf si j'ai très faim bien sûr ce quie st généralemnt le cas donc je suis peu regardante)

 

bon sang, ça me fait presque peur de me relire !!!    ;-)

[quote=izabelle]

pour d'autres, ils vont se rendre compte que oui, ils mangeaient encore trop par rapport à leur vraie faim, mais cela va réveiller d'autres ressentis comme la frustration ou la déception, ou la peur

d'ailleurs je m'aperçois que ces ressentis-là  sont loin d'être anodins et se retrouvent souvent,  la frustration de n'avoir pas plus d'appétit que ça,  la peur d'être différent des autres,  la peur de s'écarter des sentiers battus

[/quote]

Izabelle nous écrivions au moment moment sur le même sujet ! smiley

Je suis absolument convaincue de manger au delà de mes besoins. Quand je faisais les exercices de façon "formelle", notamment le fractionnement, je voyais bien que très peu de choses me suffisaient.

Mais je n'ai jamais réussi, à date, à réellement adapter mon alimentation à ces petits besoins.

Ce fil m'aide énormément et me redonne un peu d'espoir dans le fait que c'est possible, qu'un jour j'arriverai à manger en respectant mes besoins, c'est-à-dire moins.

Très bonne idée ce fil : je suis en plein dedans, j'ai commencé le fractionnement aujourd'hui

J'ai surtout ressenti de la peur : peur de ne pas y arriver ( sentiment d'incompétence), peur de vouloir faire trop de zèle ( cf " bonne élève " ), peur d'etre frustrée en me privant du plaisir retrouvé de manger ce que je voulais 

En bilan de cette première journée : ça s'est bien passé, je suis sortie de table satisfaite, sans faim mais légère, avec encore de la place. Légère dans mon corps , et de ce fait sereine au final

Je suis quand même effarée par la faiblesse des quantités mangées, déçue de ne pas pouvoir manger plus( mais pas frustrée ) 

Pour autant, je suis bien conciente que j'ai fait l'exercice avec ma tete, pas vraiment avec mon corps : j'ai pas laissé parce que mon corps me disait "stop ", mais reduit volontairement UA et portions AVANT de manger

Y'a encore du boulot ...

Hier soir (parce que du coup, après le repas au restau, ma faim ne s'est pas manifesté très tôt !), j'ai ressenti un peu mieux mon corps. J'avais bien faim, la bonne faim, mais avec l'agacement de ne pas avoir eu faim de toute la journée (si, trois morceaux de pêche vers 14h).

Le soir, j'ai eu la bonne faim, j'ai mangé ce que j'avais envie de manger, mais j'ai senti au bout de trois bouchées que ça allait être moins bon, et ça m'a rendue un peu fébrile, dans le corps, avec dans la tête comme une envie d'accélérer le temps, pour que la prochaine bouchée ait été mangée au moment où ça m'apportait encore du plaisir (oui, bon, pas possible :-) J'ai ensuite mangé un autre aliment, qui était bon, mais j'étais dans les pensées. Un peu de tristesse de ne pas pouvoir manger davantage avec ma faim. J'ai dépassé ma satiété sciemment (enfin, pas tout à fait volontairement, mais sciemment), avec un bon niveau de dégustation et un réconfort assez moyen.

J'ai encore assez frais dans la tête le repas au restau d'hier. Ca n'est pas du direct, donc je suppose que c'est déjà un peu "mentalisé". C'est mon premier restau (vrai restau, hein, les mc do ne comptent pas) depuis LC, avec des amis, pour fêter leur départ le mois prochain pour adopter leur trois futurs enfants, bref, le truc bien chargé en émotions. On a choisi un restau japonais qu'on aime.

Ca a commencé la veille au soir. Pendant mon EME du soir, j'ai mangé en essayant de manger moins, pour avoir faim vers 13h le lendemain. Pensées de contrôle.

Le matin, pas faim, mon déca sans sucre, nickel. Et puis vers 10h, petite faim qui grandit, le truc indéniablement pas émotionnel. Légère panique et agitation des pensées : si je mange, je ne vais plus avoir faim, si je ne mange pas je vais avoir trop faim et être de mauvaise humeur.

A 11h, je mange un morceau de pêche. Et puis un autre. Et un troisième, et j'arrête. Pensées : j'ai trop mangé. Qu'est-ce que c'est bon ! J'ai mangé trop vite, je suis coupable. C'est pas juste, on devrait tous pouvoir manger quand on veut ce qu'on veut, pourquoi je dois penser à tout ça ? Et puis "Bon, ce ne sont que des pensées". J'ai mangé juste ce que j'avais besoin de manger à ce moment-là. Mais l'appétit prévisionnel, aux oubliettes ! C'est pas juste !

Au repas, si j'avais suivi mes sensations, j'aurais attendu une bonne heure, je pense, peu-être deux. Et puis j'aurais mangé un sushi sur l'assortiment de pfiou, je ne sais plus ? une douzaine ? qu'il y avait (et du coup, hein, lequel ?). J'en ai laissé deux, ceux qui m'avaient paru le moins goûteux. Ensuite une moitié de morceau de saumon teryaki (il y en avait beaucoup, j'en ai laissé deux morceaux), et puis deux ou trois "baguettées" de l'excellent riz. Et puis la moitié de mon cheese-cake (c'est la première fois que je le trouve si énorme !) mais j'ai tout mangé. Il y avait aussi un peu d'agacement, parce qu'on avait galéré pour trouver le point de rendez-vous, et que mon mari ne raffole pas des conversations où on parle d'enfants (au début, en bonne ego-centrée, je pensais qu'il craignait que ça me déclenche des envies de maternité. Mais en vrai il a si mal vécu son rôle de père avec son fils que c'est très douloureux pour lui). Et puis laisser des choses aussi bonnes, ça m'embête, par rapport au plaisir, j'ai envie qu'il soit assez grand pour tout contenir, par rapport au cuisinier, par rapport à mes amis (ça fait la fille qui a pris des résolutions. Je trouve cette pensée idiote, mais je l'ai quand même, et elle me gouverne un peu, je n'arrive à laisser qu'une part que j'estime socialement acceptable, et sans être à l'aise dans mes baskets).

En même temps que je mangeais, je parlais, j'écoutais, j'avais l'impression qu'on aurait pas le temps de dire tout ce qu'on voulait, et puis je me déroulais mentalement le repas que j'aurais pris si j'avais respecté mes sensations, et je le trouvais petit, injuste, et je me rendais compte que je dégustais peu.

C'est comme si j'avais vécu deux repas en parallèle, sans en vivre vraiment aucun. Du coup, mon corps, il était un peu absent. Enfin, ma conscience était un peu absente de mon corps.

Alors c'était un chouette repas, dans l'ensemble. Mais je suis devenue très exigeante. Depuis LC, j'ai vécu d'excellents moments où j'arrivais à laisser mon mari être agacé sans vouloir effacer son agacement, où je partageais la conversation en étant vraiment présente, où je mangeais peu en étant vraiment satisfaite, et où mes pensées n'étaient que des pensées. Du coup, le repas qui aurait été chouette avant, maintenant, il me laisse un goût de pas fait.

J'en reviens pas d'avoir été si absente à mon corps. Depuis deux ou trois jours, j'ai un peu de mal à être dans mon corps. En principe, ça me déclenche un fort besoin de faire une séance de méditation formelle, pour me remettre dedans. Parfois, ça ne le déclenche pas et je le provoque. Mais là, non. Je me laisse happer par l'accélération mentale et le remplissage d'activités.

Peut-être que c'est la lecture en pointillé de Russ Harris qui me fait ça. Je frôle le travail sur les valeurs. Je ne sais pas si j'y suis prête, je surinvestis peut-être ce que ça va m'apporter, du coup j'ai envie de le bâcler (comme ça au moins je saurais pourquoi ça ne marche pas) ou de le repousser (mais j'ai vraiment envie de mettre des mots sur des trucs que je perçois comme un manque, en ce moment).

C'est ce genre de repas, que j'ai souvent. Pas aussi aigü, avec restau, appétit planifié depuis la veille, amis, moment-clef de vie. Mais avec les pensées qui tournent sans cesse, de la difficulté à percevoir mon corps, l'impression qu'il y a un film protecteur entre mon corps et ma perception qui me fait ressentir les choses en filigrane.

oui ce que je ressens à te lire, Pattie, c'est que tu vis des choses, sur le plan émotionnel, qui te mettent suffisamment "mal"  pour que ta tête cherche à controler, apaiser, faire disparaitre toutes les aspérités pour que tout soit plat, calme et "controlable"

ça m'arrive presque tous les jours de manger une pèche à 11h et franchement y'a pas de ma à ça si tu as faim !!! ça ne te coupera pas l'appétit de façon dramatique !!!   tu n'auras peut-être pas "les crocs" mais suffisamment faim tout de même

tu as parfaitement noté que cette tentative de ton esprit de prendre le controle de la situation  génère d'importantes frustrations en retour :

incapacité à "gérer" les sensations avec la tête

frustration, sentiment d'injustice car tu as moins d'appétit que la moyenne

 

si tu apprends à laisser à ton corps les rennes,   lui sera tout à fait compétent pour '"sentir"  le stop,  trier les aliments, se diriger selon ses besoins

pour lui le corps, il s'en fiche que les autres mangent plus, ce qui lui importe c'est lui, de manger selon ses besoins d'en profiter, de se restaurer, de prendre plaisir et de s'arrêter quand il est rassasié

 

je pense que ce qui t'empêche pour l'instant de "laisser la main"  à ton corps et la raison pour laquelle ta tête s'invite en mode "hyperactif" pour tenter de controler les choses,   c'est parce que tu vis des choses émotionnellement chargées et qu'il y a une certaine "peur"  à arrêter de controler par la pensée

 

ce que j'ai envie de te dire c'est que ce controle est normal mais que tu dois apprendre à ne plus rentrer dans son jeu, lui dire  "ok tu t'affoles je comprends, c'est dur de vivre ça"   mais revenir vraiment à ton corps  EN CONFIANCE

certes au début la confiance sera un peu sur-jouée, car la peur est là

mais la peur s'estompera au fur et à mesure que tu feras l'expérience qu'il n'y a rien à craindre à ressentir dans ces situations-là

 

à partir du moment où tu t'autoriseras à ressentir ce que tu ressens, des sentiments ambivalents, agréables, désagréables tout mélangés, les peurs, les sentiments d'incompétence, etc, etc......   tu seras capable de juste laisser ton corps prendre les rennes, faire imparfaitement,  à vue de nez

et vivre ces moments tout à fait différement

J'ai eu aussi le sentiment d'être au régime, rationnée, contrôlée de l'extérieur alors même que je pensais avoir renoué avec mes sensations de l'intérieur.

Je pense que - pour moi - ça a été une étape qui est arrivée trop tôt. Elle était vers la fin de mon parcours alimentaire, mais pour la vivre sereinement, je pense qu'il faut avoir avancé dans le parcours émotionnel (ou ne pas être un mangeur émotionnel). En fait, le parcours en lui-même est très rapide, parce que c'est un peu ce qu'on attend d'un programme qui vise le retour au set-point. Le vrai parcours est beaucoup plus long et nécessite beaucoup de répétitions et de travail sur les émotions.

Pour le moment, quand je pratique (en gros, à chaque fois que je mange), ce que je ressens n'est pas au premier plan. Ce sont encore mes pensées qui le sont. De rares fois, je m'arrête instinctivement, sans y penser, satisfaite de mon repas, de la conversation avec mon mari, sans l'envie d'un dessert ou d'un dessert de plus. Mais généralement, les pensées reviennent, et le corps satisfait se remet à l'arrière-plan.

Je suppose que c'est parce que je fractionne non pas pour mon corps, mais pour mes pensées. Je ne fractionne pas pour que mon corps soit satisfait (qu'il ait ce qu'il demande, sans surcharge, dans le plaisir). Je fractionne pour satisfaire des pensées de contrôle ("après le repas, mon corps sera satisfait, et je serai une personne modérée, et je maigrirai"). Du coup, je perds contrôle, forcément, et je mange un truc ou deux après, ou bien je réussis à attendre la demi-heure nécessaire pour que la nourriture prenne la place, j'ai des pensées de contentement, alors hop, je me récompense par de la nourriture. Ou bien je ne le fais pas, j'arrive le soir avec une bonne faim, et je mange un peu trop, tout ça dans un bain de pensées qui tournicotent.

Pourtant, je ne peux pas ne pas fractionner. Ca n'est même plus du fractionnement, en fait, ce sont mes portions habituelles. Si je mange davantage, une demi-heure après, je sens mon ventre trop gonflé, et une faim trop petite revient paresseusement au repas suivant (ou pas).

Bref, c'est encore très débutant.

Mais je me dis que ce qui bloque, ce sont les pensées. Et que ce qui les agitent, ce sont les émotions. Donc j'essaie de travailler les émotions. Sauf que pour le moment, je les travaille trop dans la tête, pas encore assez dans le corps.

Et puis j'ai l'impression d'un paradis perdu. Il me semble qu'il y a quelques temps, je faisais tout ça mieux, plus fluidement. En fait, je crois que j'étais déjà, et depuis toujours, dans un bain de pensées remuées par les émotions pour me les cacher, mais qu'en ce moment, comme j'y suis plus attentive, je vois mieux, et ce qui ne m'apparaissait pas avant m'apparaît maintenant comme une montagne.