Comment répondre aux injures anti-gros ?
Bonjour,
Et si l'on recensait froidement ici, entre gros, ce que l'on s'est pris dans les dents ?
Pour moi, le pire a été pendant l'adolescence, j'ai toujours été un peu grosse, et je m'en suis pris plein la tête, par la famille en particulier. Ce qui est curieux, quand je fais le bilan de cette période, les réflexions les plus méchantes, celle que j'ai retenues jusqu'à aujourd'hui donc, venaient soit de garçons ados, soit de grosses femmes...
- d'un frère en particulier (sur les 3) "grosse vache !"
- pendant une ballade (que je faisais pour maigrir), des garçons inconnus "Ouh le cageot, le cageot !"
- de la mère (très grosse) d'une copine (toute petite et maigre) à propos de mes cuisses en short "Eh ben ! sacrés jambons !"
- de ma tante (grosse) quand j'avais 13 ans "Mais ce ne sont pas des seins que tu as, c'est de la graisse !"
- de mon cousin (25 ans) quand j'avais 15 ans et que nous rentrions de la piscine "Bon dieu, mais qu'est ce qu'elle est grosse, Sylvie !"
Clairement, c'est entre 11 et 15 ans que j'ai eu à subir de ces remarques assez odieuses.
Ensuite, ça s'est calmé. Les années lycée, les années fac, très cool à cet égard, bien plus tolérantes.
Le problème est revenu quand j'ai enseigné, d'une seule façon, mais sacrément violente... Des élèves (de bonne foi ou pas, je ne saurai jamais) me demandaient "Madame, vous êtes enceinte ?"
La première fois, ça fout une claque.
A un taxi avec mon chéri (pour une fois qu'on le prenait lol, ça m'en a définitivement dégoûté) un homme bourré en costard cravate "Je vous cède la place, je vois bien que madame est enceinte". Là, l'erreur de bonne foi est évidente.
Enfin, bien plus récemment, la nièce de mon tendre, petite fille de 5 ans
"Sylvie, tu es grosse ! tu es grosse !"
Docteurs ? Et vous autres forumeurs, vous faites quoi dans ces cas-là, vous réagissez ? Sur quel mode ? Que peut-on dire qui nous soulage nous devant une charge aussi lourde, quand c'est une injure volontaire avec intention de nuire. Que peut-on dire quand c'est une maladresse qui nous blesse ?
Je n'ai pour ma part réagi que deux fois, car j'étais assez grande, tout simplement.
A l'élève qui me demandait si j'étais enceinte "Non, je suis juste grosse. " Et je passais à la suite de mon cours, mais bien entendu, les autres élèves faisaient un "han" gêné, voyant que le questionneur avait gaffé.
Quant à ma nièce de 5 ans, elle me l'a dit une première fois, sous forme de constat. Ca m'avait beaucoup blessé mais je ne me l'étais guère avoué et ne lui avait rien répondu. Puis elle a recommencé en le criant un jour où elle était fâchée contre moi. Là, je l'ai pourrie jusqu'à ce qu'elle ait les larmes aux yeux, et elle n'a jamais recommencé. Je voulais qu'elle comprenne que c'était grave, très grave de me parler ainsi.
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Répondre
voilà un fil qui est bien actif!
comme quoi c'est vraiment important cette histoire
pour ma part je n'ai jamais reçu ce type d'insultes ou d'insinuations par rapport à mon poids, je pense que je ne l'aurais absolument pas toléré
mais je suis assez sidérée de toutes ces réflexions
la seule chose approchant que j'ai pu vivre, c'est que je ne peux pas exprimer librement ma gourmandise, genre dire d'un truc que c'est bon, spontanément, ou que j'ai faim, sans subir quelques regards un peu gênés, ou alors si j'ai fait un gateau m'entendre dire de presques toutes les femmes présentes que elles, elles préfèrent le "salé", qu'elles ne font jamais de gâteaux à la maison (comme si moi, vu mon poids, je devais m'en taper un tous les jours....) ça reste subtil et poli, ce n'est pas du dénigrement ou de la stigmatisation, mais ça n'empêche pas de se sentir un peu mal tout de même....
en ce qui concerne les enfants, quand j'en parle avec ma fille, ça m'arrive de mentionner le fait que je suis "grosse" pour l'instant (ce n'était pas le cas il y a quelques années, merci WW)
par contre j'insiste beaucoup sur le fait qu'elle doit savoir que certaines vérités peuvent faire de la peine aux gens et donc de ne pas dire à quelqu'un qu'il est "vieux", ou "gros", ou truc dans le style car cela peut être vécu comme une insulte
c'est quand même important cette éducation, non? s'il s'agit d'un tout petit qui n'a pas reçu encore cette éducation, alors c'est notre propre susceptibilité qui est en jeu et aussi notre difficulté d'acceptation de ce ressenti (d'où EME)
mais s'il s'agit d'un enfant qui serait en âge de prendre en compte les sentiments des autres, à mon sens il ne faut pas hésiter à lui signaler que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire et l'aider à préciser s'il cherchait à dire une méchanceté ou si simplement on ne lui a jamais appris ces choses là
quant aux adultes qui font un humour bien méchant (et pas drole)..... franchement..... j'apprends aussi à ma fille à ne pas accepter les soit-disantes "blagues" qui font de la peine, parce que ce ne sont pas du tout des blagues, une blague aux dernières nouvelles fait rire tout le monde, et pas tout le monde sauf 1: la cible
et si une copine lui dit un truc plus ou moins vexant en ajoutant direct derrière "non mais je rigole", elle lui répond "eh ben moi ça me fait pas rigoler du tout" d'un ton ferme .....
non mais oh.....
et pour finir ça me rappelle le film Forrest Gump, où le héros, à chaque fois qu'on lui disait "mais t'es stupide ou quoi?" répondait du tac au tac la phrase que sa mère lui avait appris "N'est stupide que la stupidité elle-même". C'était comme une sorte de retour à l'envoyeur, cette certitude lui permettait de ne pas être atteint par ces remarques
ici j'imagine bien une formule du style "la valeur n'est pas inversement proportionnelle à notre tour de taille", à répéter en boucle (la meilleure façon de décourager les esprits chagrins, de plus il faudra déjà qu'ils arrivent à comprendre la phrase, ça les propulsera dans ce qu'on appelle la réflexion), ça fait du bien à soi par la même occasion, ça deviendra une pensée automatique anti EME
Bonjour Rikki,
J'aime beaucoup ta rectification et je la trouve très juste.
J'ai, en effet, noté cet enfant qui me dit que je suis grosse alors que sa maman est mince. Ce n'est pas pour le côté injurieux que je l'ai noté mais c'est vrai que cette phrase m'a touchée particulièrement. Bien des injures réelles ne m'ont pas touchées comme cette phrase. Parce que tout d'un coup j'ai pensé que mon poids pouvait commencer à toucher ma fille. Cela m'a attristée, voire effrayée. Cela fait d'ailleurs partie de mes motivations à régler mon poids.
Je trouve que mon poids ne dit pas que je suis sans volonté ou que je suis sans compétence. Par contre, il reflète, pour moi, un problème psychologique non résolu. Et je commence à avoir envie de refléter une image de santé. Et au delà de l'image de santé, j'ai envie d'ETRE en bonne santé. Et parmi mes motivations, il y a : voir grandir et vieillir ma fille le plus longtemps possible.
Pour conclure, cet phrase, dans la bouche de cet enfant n'est pas une injure mais elle m'a touchée et je l'ai transformée en moteur pour évoluer (heureusement que je n'ai pas fait d'EME pour m'empêcher de sentir tout cela lol !).
Ariciane.
fianlement,; j'aime beaucoup ce qu'a répondu Mr Apfeldorfer
:)
Comme moi !!!
Je suis la tante Ba lilé :-D
J'ai été très touchée par ton post Rikki. Je le trouve très pertinant, et...Libérateur :-)
[quote=Bèlilé]
Comme moi !!!
Je suis la tante Ba lilé :-D
J'ai été très touchée par ton post Rikki. Je le trouve très pertinant, et...Libérateur :-)
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Tu portes un sous-boubou blanc, trois boubous superposés, tu dors sur une chaise de repos et tu te fais éventer ?
Quand j'étais petite, j'admirais beaucoup cette marraine Ba (que j'ai rebaptisée "tante Ba" parce qu'avec mes élèves on n'avait pas appris le a + i = ai) qui me semblait un personnage au moins aussi important que l'empereur de Chine (celui dans le conte avec le rossignol, bien sûr).
OUI OUI OUI qu'on se le dise : on peut être grosse ET belle en même temps ........... Et il y a une multitude d'homme qui ne supporte pas les sacs d'os et Na !!!!!
Je lis votre fil, et je suis frappée par une chose : vous considérez comme des injures les propos de petits enfants qui constatent que vous êtes grosses.
Cela m'étonne, car personnellement je n'ai jamais considéré cela comme insultant. En classe, quand nous faisons du vocabulaire, je dis aux enfants que je suis grosse, et que la maîtresse de CE2 est maigre. C'est un fait. De même que j'ai les cheveux frisés et que la maîtresse de CM1 a les cheveux raides, que je suis petite et que la dame de service est grande, etc.
Je pense qu'on a tellement associé d'images négatives au fait d'être gros qu'on ne peut même plus juste dire "gros" sans que ça soit une insulte. Effectivement, de la même manière qu'à une époque on ne pouvait pas dire que quelqu'un était noir, il fallait dire "de couleur" ou autre périphrase !
Moi, je suis grosse (moins qu'avant Linecoaching, mais drôlement grosse quand même ! ) et je ne vais pas dire aux enfants que je ne le suis pas.
Par contre, une toute petite chose m'avait fait réfléchir un jour dans un travail que j'avais préparé pour mes élèves, et que je partageais sur un site d'instits. J'avais écrit un résumé du conte Epaminondas. J'avais écrit "Tante Ba est grosse et elle est très belle". Une copine instit m'avait proposé comme "correction" : "Tante Ba est grosse mais elle est très belle".
J'avais été très marquée par cet incident. J'avais refusé de corriger, mais je ne crois pas que la personne qui a suggéré cette correction ait perçu à quel point elle était blessante.
Imaginez qu'elle ait écrit "Tante Ba est noire MAIS elle est très belle"... quel scandale !
(en plus, dans l'histoire, marraine Ba est noire ET grosse ET très belle !!!)
Waouw! Tu as réussi à écrire ce qui me turlupinait vis-à-vis des propos qui sortent de la bouche des enfants ... je suis d'accord avec toi, je pense aussi que les petits qui nous disent que nous sommes grosses, que nos joues sont rebondies, énoncent des faits et ne pensent pas à mal. C'est pour cela que j'avais apporté ma pierre en distinguant les paroles (perçues comme méchantes) des êtres (ça ne fait pas d'eux des méchants) ...
Ceci dit, je crois aussi que les enfants tiennent parfois des discours discriminatoires pour faire mal là où ça fait mal, parce que c'est une façon d'exister, parce que des adultes autour d'eux le font, parce qu'eux-mêmes sont la cible de tels mots blessants ... ils imitent!
L'éducation prend alors tout son sens et tu en parles, tout comme une autre participante plus haut. Apprendre aux petits la tolérance, le respect des différences, le fait de ne pas confondre ce qu'ils disent/font avec ce qu'ils sont, etc., c'est notre job de parent, d'éducateur, d'enseignant, d'adulte ...
Et c'en est un fameux, de boulot!
J'en oubliais une récente, qui m'a bien fait de la peine, car ça venait d'un collègue que je trouvais sympa... avant.
On est 4 collègues (2 hommes, 2 femmes) à manger à une brasserie un midi. Je prends en dessert la mousse au chocolat. Les 3 autres prennent fromage blanc. Le serveur arrive. 'C'est pour qui la mousse ?' Le collègue : "Ah ah ah, facile à deviner non ?" Ils ont tous les 3 bien rigolé... ho ho ho...
Bon sang, j'ai trouvé la mousse dégueulasse. Elle était pas bonne à la base, mais elle aurait été délicieuse que je l'aurais trouvé dégueu.
Et après, comme ce gars se permettait à chaque fois de commenter mon assiette, j'ai arrêté de manger avec ce gars, et je lui ai fait un mail, pour lui dire ce que je pensais de ses bonnes allusions perfides. Lui "Mais enfin, c'était évident que c'était du second degré non ?"
Devine banane... Il y a plein de gens comme ça, qui adorent confondre 1er et 2nd degré. Je les fuis personnellement. Il y a toujours un moment où ils disent des trucs ignobles, juste pour faire rire.
Moi aussi, j'ai déjà eu des pensées pas forcément sympas quand je croisais quelqu'un de gros ... surtout pendant les périodes où je ne l'étais pas ... mais je ne les ai jamais dites ...
Tandis qu'aujourd'hui, je cherche aussi l'être humain derrière la carapace, et ça change également le regard (auparavant si sévère, si dur) que j'ai sur moi ;-)