Comment répondre aux injures anti-gros ?
Bonjour,
Et si l'on recensait froidement ici, entre gros, ce que l'on s'est pris dans les dents ?
Pour moi, le pire a été pendant l'adolescence, j'ai toujours été un peu grosse, et je m'en suis pris plein la tête, par la famille en particulier. Ce qui est curieux, quand je fais le bilan de cette période, les réflexions les plus méchantes, celle que j'ai retenues jusqu'à aujourd'hui donc, venaient soit de garçons ados, soit de grosses femmes...
- d'un frère en particulier (sur les 3) "grosse vache !"
- pendant une ballade (que je faisais pour maigrir), des garçons inconnus "Ouh le cageot, le cageot !"
- de la mère (très grosse) d'une copine (toute petite et maigre) à propos de mes cuisses en short "Eh ben ! sacrés jambons !"
- de ma tante (grosse) quand j'avais 13 ans "Mais ce ne sont pas des seins que tu as, c'est de la graisse !"
- de mon cousin (25 ans) quand j'avais 15 ans et que nous rentrions de la piscine "Bon dieu, mais qu'est ce qu'elle est grosse, Sylvie !"
Clairement, c'est entre 11 et 15 ans que j'ai eu à subir de ces remarques assez odieuses.
Ensuite, ça s'est calmé. Les années lycée, les années fac, très cool à cet égard, bien plus tolérantes.
Le problème est revenu quand j'ai enseigné, d'une seule façon, mais sacrément violente... Des élèves (de bonne foi ou pas, je ne saurai jamais) me demandaient "Madame, vous êtes enceinte ?"
La première fois, ça fout une claque.
A un taxi avec mon chéri (pour une fois qu'on le prenait lol, ça m'en a définitivement dégoûté) un homme bourré en costard cravate "Je vous cède la place, je vois bien que madame est enceinte". Là, l'erreur de bonne foi est évidente.
Enfin, bien plus récemment, la nièce de mon tendre, petite fille de 5 ans
"Sylvie, tu es grosse ! tu es grosse !"
Docteurs ? Et vous autres forumeurs, vous faites quoi dans ces cas-là, vous réagissez ? Sur quel mode ? Que peut-on dire qui nous soulage nous devant une charge aussi lourde, quand c'est une injure volontaire avec intention de nuire. Que peut-on dire quand c'est une maladresse qui nous blesse ?
Je n'ai pour ma part réagi que deux fois, car j'étais assez grande, tout simplement.
A l'élève qui me demandait si j'étais enceinte "Non, je suis juste grosse. " Et je passais à la suite de mon cours, mais bien entendu, les autres élèves faisaient un "han" gêné, voyant que le questionneur avait gaffé.
Quant à ma nièce de 5 ans, elle me l'a dit une première fois, sous forme de constat. Ca m'avait beaucoup blessé mais je ne me l'étais guère avoué et ne lui avait rien répondu. Puis elle a recommencé en le criant un jour où elle était fâchée contre moi. Là, je l'ai pourrie jusqu'à ce qu'elle ait les larmes aux yeux, et elle n'a jamais recommencé. Je voulais qu'elle comprenne que c'était grave, très grave de me parler ainsi.
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Répondre
Bonjour Sylvie,
C'est terrible comme on se souviens bien de ces mauvais moments, de ces petits mots qui nous ont blessés.
Celui qui ma le plus blessé et qui me restera à vie, est comme toi la même insulte et venant de ma petite soeur "Grosse vache".
Ensuite, j'ai du en avoir beaucoup pendant la période du collège et encore un peu au lycée et comme tu dis ça s'étompe plus en avance dans la vie, maiss il y a toujours des exceptions.
Je me rappelle qu'à ma rentrée à mon BTS, je n'avais pas encore trouvé d'appartement pour me loger alors le lycée m'avait gentiment hébergé dans leur internat. Un soir, à la sortie de ma douche, que j'avais bien pris soin de prendre pendant un temps où il y avait personne, je traverse le couloir menant à ma chambre et je vois une ado assise parterre entrain de téléphoner à sa mère et je ne sais pourquoi, je m'arrête et je l'entends dire à sa mère (elle ne me voyait plus car j'avais tourné dans un autre couloir), elle lui a dit " maman, je viens de voir un truc immonde, un grosse en cheminse de nuit avec plein de bourrelets". J'étais attérrée car d'une, j'avais essayée de passer le plus inaperçue possible, d'avoir mis une chemise de nuit assez large pour ne rien voir, et de l'autre j'en revenais pas que la mère soit assez "conne (excusez moi le terme) pour laisser parler ainsi sa fille (qui devait sûrement se prendre pour une déesse) et de ne pas la reprendre, d'aller dans le sens de sa fille, et en quelques sortes de légitimer sa façon de penser.
Bien sûr, je suis rentrée dans ma chambre et j'ai fondue en larme. Je me suis reconnue en lisant vos réponses, car moi aussi, je n'ose pas répondre, j'essaie de me fondre dans le paysage et je suis très timide.
Heureusement, il y a aussi des personnes qui savent nous dire de bonnes choses.
Pour ma part, c'est un ami de lycèe, qui une fois revenu de la piscine, m'a avoué que vu comme je m'habillais, il avait été agréablement surpris de voir que je n'étais pas aussi grosse que je le parassais aussi grosse (je pesais tout de même plus de 92kg pour un 1m69!). J'avais lu dans ses yeux et entendu dans ses propos que c'étais sincère et qu'il ne me voyait pas comme une grosse et je crois qu'il m'avait encouragée pour ne plus me faire souffrir par rapport à mon corps. Cela m'avait fait chaud au coeur et le garderait en mémoire toute ma vie aussi!
Sylvie, j'aime les phrases que tu as créées pour répondre, j'espère qu'elles fonctionneront bien et qu'aussi tu n'ais pas trop à les utiliser.
Bonjour à toutes et tous !
Vous soulevez un délicat problème : celui de la discrimination par rapport au poids, et celui de la stigmatisation.
La discrimination consiste à défavoriser une personne en raison de ses caractéristiques ou choix personnels.
Tout traitement inégal fondé sur l'origine, le sexe, la race, l'âge, les caractéristiques génétiques, le handicap, l'état de santé, l'état de grossesse ou de maternité, la religion, les convictions politiques ou activités syndicales, l'orientation sexuelle, les mœurs, la situation de famille, le patronyme ou l'apparence physique sont interdits.
En France, la législation actuelle interdit toute discrimination en raison de l’apparence physique, en particulier à l’embauche et dans la progression de carrière.
Les auteurs de discrimination directe, indirecte ou ordonnant l'exécution d'actes discriminants commettent un délit et peuvent être poursuivis.
Recours : La haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE)
Voir : //vosdroits.service-public.fr/particuliers/F19448.xhtml
//vosdroits.service-public.fr/particuliers/F1642.xhtml
La stigmatisation consiste en un processus de discréditation qui touche un individu considéré comme « anormal », « déviant ». Cet individu devient alors réduit à cette caractéristique dans le regard des autres, ce qui justifie une série de discriminations sociales, voire d’exclusion.
Les qualités de l’individu s’effacent face au « stigmate obésité ». La personne n’est plus une mère de famille méritante, ou une habile juriste, ou un sympathique camionneur, ou un bon élève, ou un voisin serviable, mais un ou une « obèse », un « gros » et, très secondairement, autre chose.
Ainsi, les personnes obèses seront décrites physiquement en fonction de leur poids, plutôt que d’une autre caractéristique.
La stigmatisation engendre la honte d’être tel que l’on est. La honte est un sentiment extrêmement corrosif, destructeur de la personnalité, conduisant à l’inhibition et à la haine de soi.
De plus, on culpabilise : le gros l’est par sa faute, et cela justifie toutes les discriminations, toutes les mesures d’exclusion.
On considère que la stigmatisation a atteint son but lorsque la personne stigmatisée adhère avec le discours du stigmatisateur.
Comment survivre, en 1950, dans l’État d’Alabama, quand on est noir ? Faut-il protester en permanence à chaque attaque ? Ou bien, vaut-il mieux être capable de se distancier, être capable de « faire avec » sa honte, c'est-à-dire l’accepter en soi, sans l’éviter ? Car fuir sa honte aboutit à l’inhibition comportementale et bien entendu, à de puissantes EME.
Mais accepter qu'on puisse, à l'intérieur de soi, se sentir honteux, du fait d’un certain discours social que l’on a fini par intérioriser, ne signifie pas que l'on va rester face passif face aux attaques !
En règle générale, on cherche à se cacher, par exemple on cherche à dissimuler son corps derrière des vêtements flottants. On n’ira pas à la plage, ou bien on s’enveloppera dans un paréo qui, croit-on, cache ses formes. En fait, se cacher le fait qu’attirer l’attention davantage.
Aussi, je conseille plutôt de faire son coming-out. Vis-à-vis de vos proches, vous pouvez leur expliquer le travail thérapeutique que vous avez entrepris, ses difficultés, ses aléas (voir réponses possibles plus bas). Dans les lieux publics, vous pouvez marcher d’un pas fier, la tête haute, en prenant la place qui vous revient. Vous êtes une personne humaine, et vous avez le droit d'être là!
Face aux quolibets, vous pouvez montrer votre mépris, et vous souvenir qu’en fait, les personnes qui se moquent de vous auraient sans doute utilisé un autre aspect de vous même pour s’en prendre à vous si vous aviez été mince.
Lorsque ce sera possible, on pourra aussi entamer un dialogue. Bien des réponses sont possibles face à un discours stigmatisateur. Des réponses comme :
— Il existe toutes sortes de conformations corporelles. Le physique ne dépend pas du bon vouloir, le corps n’est pas malléable à volonté.
— Le poids n’est pas un indicateur fiable de la puissance de la volonté, de la capacité de maîtrise ; le poids n’est pas affaire de volonté et les personnes en surpoids peuvent être volontaires dans bien d’autres domaines ;
— La valeur d’une personne n’est pas dépendante de son poids ;
— La capacité à séduire est elle aussi indépendante de la beauté normée ; la beauté est un état, la séduction est un comportement ;
— La beauté physique n’est pas dépendante du poids ; nous avons ce sentiment parce que, en Occident, sévit actuellement une uniformisation des normes de beauté. Il convient de lutter contre cette uniformisation, de faire avancer l’idée qu’il peut y avoir toutes sortes de formes de beauté.
— Les connotations attachées à l’obésité (mollesse, manque de volonté, bêtise, dépendance…) sont irrationnelles et imméritées.
Mais, il faut bien le dire, la stigmatisation des obèses est un stéréotype extrêmement puissant. On ne peut plus, aujourd’hui, se moquer impunément des juifs, des noirs, des écossais, des Belges, et des blondes. Mais, semble-t-il, on peut stigmatiser impunément les obèses. Car cette idée traîne : on est obèse par sa faute.
J’aime beaucoup ce qu’a fait Charlotte 25 avec ses élèves du primaire. Montrer à chacun qu’il a lui-même des défauts physiques sur lesquels il pourrait être attaqué, quelle bonne idée !
En fait, j’aime beaucoup toutes vos réponses, et tout ce fil de discussion. Merci à toutes.
Et je contemple votre apparté, l'accueille avec bienveillance, et gentiment mais fermement, reviens à mon sujet... (lol)
Maintenant en réfléchissant, je compte procéder ainsi, quand c'est quelqu'un de mes connaissances, pour montrer à l'agresseur que c'est lui qui a un problème, pas moi. Je vais apprendre cela par coeur. Car l'agresseur a toujours de son côté l'effet de surprise, et il faut pouvoir dégainer notre réponse même si l'on est estomaqué...
Si adulte
Je ne t'autorise pas à m'injurier sur mon physique. Tu es peut-être raciste ou homophobe, tu adores peut-être toutes les discriminations. C'est ton problème et ça se soigne, moi, je ne veux pas en faire les frais.
Si enfant.
Je ne t'autorise pas à me dire des méchancetés sur mon physique. Tu as déjà vu des handicapés ? Des gens en fauteuil roulant ? des aveugles ? des trisomiques ? Ils te font rire ? Tu te moques d'eux ? Eh bien tu es bien méchant(e) et je ne parle pas d'éducation là, je parle de quelque chose de plus grave, si tu n'es pas capable de comprendre à quel point c'est méchant et à quel point il ne faut plus jamais faire ça !
C'est chouette, Sylvie, que tu aies réfléchi à ce que tu pouvais répondre à un adulte ou un enfant qui te dit des choses qui te blessent.
Mieux vaut y réfléchir "à froid" et l'avoir sous le coude que de s'en vouloir après parce qu'on n'a pas réussi à répondre qqch, à se défendre ...
J'apporterais une nuance à tes paroles si je devais les faire miennes, car je sais qu'un enfant n'EST pas méchant, menteur, voleur , etc. Il DIT des méchancetés, il DIT des mensonges, il COMMET un vol, ça n'en fait pas de lui un méchant, un menteur, un voleur, ect. J'ai trop peur des étiquettes, pour en avoir reçue 2 étant enfant (GROSSE et MENTEUSE) ... comme si mon être se réduisait à ces 2 étiquettes, en somme.
A vrai dire, c'est valable aussi pour des adultes ... il y en a qui se complaisent dans les propos critiques, cyniques, acerbes, ... cela fait-il d'eux des gens critiques, cyniques, acerbes? Je ne le crois pas ...
Belle journée!
Il y a une sorte de paix dans ton dernier paragraphe, Mistigri. C'est très doux :)
Ca m'inspire quelque chose de dangereux, parce que ça peut être perçu comme un "vieillir : finit de séduire" que je ne pense pas du tout.
Tant pis je me lance, j'expliciterai après : j'ai 25 ans, et arriver à un moment de mon existence où le monde extérieur foutra enfin la paix à mon apparence physique me tarde énormément. Je voudrais récupérer mon corps. Et aussi, si les gens en avaient la bonté, ne plus être réduite à l'image que j'offre.
Du coup, comme je ne suis pas assez courageuse pour jeter de moi-même tout ça par dessus les haies, j'attends que la vie veuille bien me l'offrir.
Je me doute de ce que vous allez me dire, que le diktat de l'apparence n'épargne personne, jusqu'à la mort. Mais comme le dit Mistigri, arrive un moment où le stéréotype auquel il faut coller est plus sympa, plus détendu.
D'ailleurs quand j'y pense, j'aimerais bien avoir ne serait-ce qu'UNE relation où je n'aie rien à prouver du tout, physiquement. Ni dans la séduction, ni dans la comparaison, ni dans le jugement.
Et si possible, avec quelqu'un d'autre que mon chat.
Sita,
Il y a quelque chose que j'apprécie beaucoup en toi.... c'est ton style, ta maturité....ton intelligence émotionnelle ! Dans ma longue expérience professionnelle et personnelle, j'ai rencontré beaucoup de gens : ceux que j'ai apprécié le plus sont les gens qui ont une intelligence émotionnelle, qui s'intéressent vraiment aux autres, et savent aimer et se remettre en question et alors seuls, pour moi, ces gens sont beaux.... Il n'y a pas que les humains à aimer .... il y a aussi les animaux.....je pense que les chats ont une sensibilité supérieure, j'en ai deux et j'en ai même eu trois!
PS : j'aime encore plaire
Sita et Mistigri, votre aparté est intéressant, et pas tout à fait hors du sujet de Sylvie, du moins, c'est mon avis ;-)
Je partage l'avis de Mistigri, j'aime aussi beaucoup tes écrits, Sita. Pertinents, justes, beaux, touchants, remplis de toi. Bien sûr je ne te connais pas, mais écrire ici c'est livrer une partie de soi, et c'est une évidence qu'il y a de l'intelligence émotionnelle dans tes posts. Merci pour cela! Je te souhaite vraiment de vivre une rencontre (amicale, amoureuse, professionnelle) où tu ne te sentiras pas jugée. Je peux témoigner du fait que j'ai vécu ce genre de relation avec mes enfants, du moins quand ils étaient petits. Amour inconditionnel total!
Mistigri, 63 ans à l'heure actuelle, c'est encore si jeune! Même si tu es déjà mamy! Je comprends que le regard des autres sur toi est plus bienveillant car la rondeur sied à une mamy ... et peut-être que cela aide à poser sur soi-même un regard plus bienveillant aussi?
Pardon de dévier encore, mais je me sens un peu obligée de défendre l'honneur de mon amoureux :p
Je vis ce type de relation actuellement, Savi, si je suis honnête avec moi-même. Il me dit que je suis belle (rien de bien original) à des moments où j'ai juste l'impression de sortir d'une grotte, il ne m'a jamais mis la pression pour que je colle plus à une norme - tout en ne voyant pas de souci à ce que je le fasse si ça me rendait heureuse. La seule pression, dans le fond, c'est celle que je me mets parce que j'ai le sentiment que cette inconditionnalité est la marque des débuts (on est ensemble depuis 1 an et demi environ) et que je n'ai pas trop intérêt à me reposer sur mes lauriers si je veux éviter de le voir filer d'ici deux ou trois ans avec une nana pour qui la beauté sera un enjeu. Mais dans le fond, ce que je décris, je le vis.
Simplement, je voudrais que ça ne soit pas une brillante exception, mais la norme de base de mes relations aux autres.
(Et merci pour ton regard sur moi, vous avez toutes une bienveillance que je n'ai jamais rencontré ailleurs !)
Bon. Du coup je vais apporter ma pierre à l'édifice des injures anti-gros, pour me faire pardonner par Sylvie ^^
Les plus marquantes, pour moi, ont été celles-ci :
- Au lycée, un connard comparant mon cul avec celui d'une autre fille, nettement plus mince : "l'Enfer et le Paradis".
J'ai fait semblant de ne pas avoir entendu, et je n'ai pas compris pourquoi, sur le moment, l'autre fille avait l'air aussi agacée. Elle ne m'aimait pas, on lui faisait un compliment, dans mon esprit elle aurait dû sourire. Des années plus tard, je crois qu'à sa place j'aurais mis une grande baffe dans la bouche qui venait d'émettre ce fameux "compliment".
- Il y a 6 ans, dans un supermarché, j'en avais marre je voulais rentrer. Je refuse de laisser passer un type un peu éméché, avec un pack de bières. Il m'a pourrie devant tout le monde, avec notamment deux répliques très cool : "Ah mais c'est pas une madame, c'est une jeune dame !" et "T'es grosse, personne voudra jamais de toi que pour te baiser."
J'ai juste avancé, les larmes aux yeux et en faisant semblant d'en rire, devant les caissières qui me regardaient avec compassion. A l'époque, j'étais fiancée. Et pourtant, ça a touché une partie de moi que je n'imaginais pas. Je n'ai jamais eu de problème pour séduire, jamais été seule... Mais à cet instant-là, ce type abject a réussi à casser ce petit truc que j'avais pour moi, à me faire me demander si ce n'était pas simplement parce que j'étais facile d'accès. Parce qu'il n'y avait pas de challenge, avec une grosse, et que ça aidait les gens qui n'avaient pas trop confiance en eux.
Je me le demande encore aujourd'hui, dans les moments off.
- Quelques années plus tôt, la mère de mon copain du moment, qui accumulait les réflexions visant à prouver qu'elle avait teeeellement maigri et que je ferais bien d'en faire autant. J'ai fait la fille qui ne comprend pas le message, avant de placer un petit "C'est vrai oui, mais la peau est quand même très flasque après non ?"
Pas de pitié, c'était une connasse. Je suis assez fière de celle-là.
- Vers la même période, une gonzesse assez moche, flasque pour le coup, qui m'aborde dans la rue alors que j'allais prendre le métro avec mon copain : "Excusez-moi, mais j'étais comme vous avant... Il y a des solutions, vous savez." Et de me tendre un petit papier avec un truc miracle pour perdre du poids, je ne sais plus quoi.
J'ai senti monter un truc en moi, pas de honte du tout, mais juste une profonde colère que ce pur cageot estime que j'aurais pu vouloir lui ressembler. Ma réponse a été "Tu veux que je te défonce ?". Puis je l'ai répété, pendant qu'elle essayait de calmer le jeu. Apparemment, elle ne voulait pas.
Mais bon, elle ne faisait clairement pas le poids (Non je n'ai pas honte de cette blague XD)
J'ai ce qu'on appelle du caractère, pas mal de répartie aussi, mais les deux exemples où je suis restée clouée à souffrir en silence, et même les deux autres où j'ai répondu pour faire mal prouvent très bien que je ne sais pas gérer cette intrusion brutale dans un domaine qui devrait être exclusivement le mien : mon corps, et les jugements sur lui.
C'est à peu près tout, sur les 6 dernières années. Pas d'invectives dans la rue, pas d'enfant cruel (je n'aime pas les enfants, et je crois que ça se voit), je crois que d'une certaine façon j'ai eu de la chance de ne subir "que ça".
Mais par contre, je me suis surprise, assez honteuse d'ailleurs, à penser ce genre de saloperies. Mon amoureux actuel a une ex relativement obèse, et qui accessoirement me hait. Elle a dit des choses assez abjectes à mon propos, à propos des sentiments que lui a pour moi, que je ne lui ai pas pardonnées. Et dans des moments de grande colère à son propos, il m'est arrivé de me retenir de la descendre devant lui sur son poids. Et j'admets que je ne me retenais que pour lui, qui l'a trouvée belle un jour (même si pas bien longtemps, na). Je crois qu'à une occasion je n'ai pas su me retenir, d'ailleurs. Ca a pris la tournure d'une blague, et j'ai senti cette blague dégueulasse me polluer la bouche pendant longtemps.
J'éprouve toujours un vague dégoût, quand je pense à lui avec elle. Et malheureusement, je sais que ça a entre autres à voir avec le fait que je la trouve laide, et que je le trouve, lui, tellement beau. Comme si leur proximité le souillait, quelque part. Ca fait partie deces choses que je ne peux pas m'empêcher d'éprouver, mais dont je ne suis pas fière du tout.
Pour la petite histoire, je n'avais jamais évoqué quoi que ce soit de ce qui précède avec qui que ce soit. Donc, je ne sais pas... Merci d'exister ? :)
Et merci d'avoir lu.
[quote=mistigri]
PS : j'aime encore plaire
[/quote]
Et je ne doute pas une seconde que tu plaises. C'est le contraire qui me paraitrait bizarre :)
C'est ce que je voulais dire, précisément : la séduction ne devrait pas avoir à voir avec les normes sociales. Dans la mesure où nous sommes des individus et pas des populations statistiques (oui, j'ai cette prétention !), ça ne devrait avoir que des tenants et des aboutissants individuels. Phéromonaux, intellectuels, émotionnels, esthétiques, que sais-je... mais d'un individu à un autre. C'est ça, que je languis d'atteindre. Un rapport d'humain à humain, avec des gens qui ne m'évalueraient que selon leur propre échelle de valeur. Et j'espère vraiment que l'âge, sinon mon propre courage, m'y aidera.
Mais bon, si ça n'arrive jamais c'est pas grave. Ne pas vivre en Utopie ne m'empêche pas de rire tous les jours o/
Merci pour ta gentillesse, ça me touche beaucoup, beaucoup.
Et pardon Sylvie, je crois que j'ai créé un aparté totalement hors-propos dans ton topic x)
Bonjour tout le monde
Pour ma part, je me demande si les personnes les plus injurieuses avec nous, ce ne sont pas nous-mêmes...
Mon dégoût et ma haine de moi-même, pas toujours, mais parfois, je ne suis pas sûre que quelqu'un d'autre pourrait l'éprouver à mon égard.
Ceci dit, j'ai quand même des souvenirs pas très plaisants :
- à 10 ans, je devais me faire opérer de l'appendicite. Réflexion de l'infirmière qui m'a pesée à mes parents (comme si je n'étais pas là) : "elle pèse 40kg ! c'est beaucoup ! il faut qu'elle maigrisse !".
- pendant mes années collège, de la part des garçons de ma classe : "la grosse barrique ! " (ça rimait avec mon prénom, ce n'était peut-être que poétique après tout ^^^)
- à 15 ans, en vacances, alors que je portais systématiquement un sweat shirt autour de la taille, ma mère "je sais pourquoi tu fais ça, mais tu n'es pas un monstre". Je me suis sentie complètement humiliée d'être devinée comme ça par ma propre mère, et aussi qu'elle prononce ce mot "monstre" pour parler de moi, même si c'était pour dire que je n'en étais pas un. En fait, c'est comme si j'avais entendu "tu es un monstre, tu es dégoûtante, tu es monstrueuse".
- à 16 ans, je faisais le régime Montignac (je suis descendue à 62 kg pour 1m68 à l'époque, mais je continuais à me trouver grosse). Un soir où je rentrais du sport, je mangeais plus tard que les autres, ma mère me dit : "on t'a laissé plus de moussaka que pour les autres, parce que tu n'en as jamais assez". J'ai entendu "tu es tellement grosse bouffe que tu enlèves le pain de la bouche de tes frères et soeur, sale égoïste".
- ah oui, j'ai failli oublié. Je rentre dans un magasin de prêt à porter, à une époque où je pesais 95kg pour 1m71. La vendeuse me toise de la tête aux pieds et me dit : "nous n'avons pas votre taille chez nous". Rouge pivoine, j'ai tourné les talons et suis repartie, humiliée, honteuse.
Jamais je n'ai réussi à vraiment me défendre, tellement je me méprisais moi-même, tellement j'avais honte de mon corps. Pour moi, tous ces gens-là avaient raison, voire étaient en-dessous de la réalité.