Mauvaise tolérance à la sensation de faim
Bonjour Messieurs les médecins, bonjour à toutes et tous !
Je constate que j'ai très peu de patience quand j'ai faim, comme si j'avais tout de suite grand faim, et que cette grande faim devait être vite comblée sous peine de mort, allez, j'exagère, mais à peine, c'est comme en tout cas, si c'était un réflexe de survie qui me pousse à m'alimenter vite.
Je sais que les questions du type "pourquoi" sont les plus difficiles à résoudre. Et n'ayez crainte, je travaille mon "comment" et essaie de ne pas suivre ces pulsions.
Mais j'aimerais sur ce forum réfléchir néanmoins au pourquoi, car plusieurs pistes s'ouvrent, dans des directions en étoile :
1) J'ai fait tant de régimes que j'ai malmené ma faim, qui se rappelle donc à moi de façon violente.
C'est possible, mais ça fait plusieurs années que j'ai proscrit toute forme de régime, sans pour autant appliquer votre méthode, ce qui fait que j'ai bien grossi !
2) J'ai souffert de la faim étant bébé.
Mouais, c'est possible, j'avais 3 frères, mais pas une mauvaise mère (pas du tout même). Alors c'est pas le plus probable, et puis, surtout, surtout, totalement invérifiable !
3) Je suis génétiquement ainsi constituée que la faim m'est plus intolérable qu'à mon voisin.
C'est possible ça aussi non ? Une hyper-sensiblilité constitutive et physiologique à la faim ?
4) Je mange émotionnellement, car je suis dans l'évitement des émotions qui me sont pénibles, et manger les étouffe de façon très agréable.
Ca, depuis que je connais, c'est une certitude pour moi. Mais il m'importe de savoir si d'autres pistes de réflexion sont possibles, en plus.
Et vous, chers coachés ? D'autres pistes ? D'autres réflexions ?
Vous devez vous connecter pour poster un commentaire
Vous devez préalablement être authentifié auprès de votre assureur afin d'accéder à nos services
Répondre
[quote=Rikki]
Je me souviens m'être demandé avec une terrible angoisse si dans une situation similaire je serais capable de ne pas voler de la nourriture, moi qui ai toujours volé de la nourriture (chez mes parents, bien sûr, volé du chocolat dans les placards).[/quote]
C'est peut-être un autre de nos points communs à beaucoup ici ?
Chez ma mère, à partir de l'adolescence, je volais de la nourriture le soir en douce (biscuits apéritifs, chocolats etc.)
Je me faisais disputer le lendemain, et je n'ai pas souvenir que ma mère disait que mes frères faisaient pareil. Maintenant que j'y pense, c'est dingue, de se faire disputer parce qu'on a mangé. Je ne ferais pas ça à mon enfant.
C'est bizarre quand on pense que je n'ai aucun souvenir d'avoir eu faim enfant. Et c'est pour ça que je me demande s'il faudrait remonter à bébé... Non pas que ma mère fut une mauvaise mère, non. Mais peut-être que les préceptes en vigueur à l'époque étaient qu'il fallait laisser pleurer les bébés, qui faisaient des caprices ? tandis qu'ils avaient faim ?
Mes parents, enfants de la campagne, n'ont pas spécialement souffert de privations pendant la guerre.
Bonjour tout le monde !
Ah, la faim, c’est compliqué, n’est-ce pas ?
Ce qui fait manger, c’est une envie de manger. Celle-ci peut avoir deux causes : la faim, et autre chose que la faim, d'ordre émotionnel.
La faim est déclenchée par une légère baisse du glucose enregistrée au niveau de notre hypothalamus. Cette faim se manifeste par de nombreux signaux, variables d’une personne à l’autre que les exercices du programme vous aident à bien identifier : la gorge serrée, un creux ou un vide à l’estomac, des gargouillis dans l’intestin. Un peu plus tard: une tête lourde ou mal à la tête, de la fatigue, une sensation de faiblesse ou malaise, une difficulté de concentration. On peut aussi de sentir irritable, agressif, anxieux.
Tomber dans les pommes par faim : il faut avoir faim drôlement longtemps pour qu’on en arrive là ; ou bien souffrir d’un phénomène d’hypoglycémie, qui est un trouble de la régulation du glucose. Dans ce cas, la valeur de 2 à 3 morceaux de sucre suffit à faire passer le malaise, en très peu de temps.
La faim évolue par vagues successives, qui deviennent plus fortes à chaque fois, durant quelques heures. Puis, on passe à un état de jeûne, durant lequel la faim ne se manifeste plus jusqu’à ce qu’on mange quelques bouchées ou qu’on soit stimulé par un contact avec un aliment appétissant.
Brillat-Savarin, dans 'La physiologie du goût' en 1826, avait déjà noté ce phénomène, et pestait contre les convives qui arrivaient en retard pour un dîner, juste au moment où la faim, après s'être faite lancinante, nous avait quitté.
Bien des personnes ont peur d’avoir faim. Cette peur est courante chez les personnes qui ont souffert à un moment de leur vie de la faim. Celles qui ont tenté dans le passé de maîtriser leur comportement alimentaire en vue de maigrir et qui se sont privées (ou bien qu’on a privé à leur corps défendant) se sont alors retrouvées dans un état de famine artificielle qui aboutit au même état. C’est ce qu’on appelle la restriction cognitive.
Que la menace de ne pas pouvoir manger à sa faim soit réelle ou imaginaire, on y réagit de la même façon : on est prêt à se battre pour manger !
Outre le côté pénible de la faim, on redoute la perte de contrôle que la faim pourrait déclencher, et on finit par redouter la sensation de faim elle-même. On cherche alors à anticiper sa faim en mangeant avant d’avoir faim. Or il est essentiel de manger seulement lorsqu’on a faim, car comment percevoir qu’on est rassasié (qu’on n’a plus faim) si on n’a pas faim au départ ? Comment avoir du plaisir à manger si on mange sans faim ?
Les exercices sur la faim permettent aussi d’apprendre à différencier la faim des autres envies de manger. Ce sont les envies de manger émotionnelles ou EME, que nous détaillons en envies de manger dues à des émotions liées à l’alimentation et envies de manger émotionnelles extra-alimentaires.
La peur d’avoir faim est le prototype de l’émotion alimentaire inductrice de prise alimentaire. Or la faim, celle que l’on est susceptible d’avoir en Occident, de nos jours, c'est-à-dire une faim passagère, forcément passagère, même si elle est déplaisante, n’est pas une souffrance si intolérable que cela. Mais voilà, on a développé avec le temps une hypersensibilité à la faim, à laquelle on réponde sur un mode réflexe. On a mis en place un conditionnement dont il s’agit de se défaire.
Les expériences sur la faim en viennent généralement à bout. L'expérience de faim retardée est la plus intéressante. Cela consiste à attendre une petite faim et à faire une pleine conscience de la faim. Puis au terme de l'expérience vous avez le choix entre manger un aliment pour arrêter l'expérience ou poursuivre l'expérience encore une demi-heure. Au bout d'une demi-heure vous refaites une pleine conscience de la sensation de faim. Et au terme de celle-ci vous décidez d'arrêter l'expérience ou de la poursuivre encore une demi-heure... Et ainsi de suite jusqu'où la curiosité vous pousse.
Concernant les envies de manger émotionnelles extra-alimentaires, vous avez tous parfaitement identifié leurs multiples origines : outre éviter des pensées et des émotions pénibles (le vide intérieur, le trop-plein de pensées, des tas d’émotions, et ainsi de suite) et se réconforter, on peut aussi vouloir se donner des forces, du courage, retarder une tâche désagréable, se punir, s’empêcher de perdre son armure de graisse…
En conclusion:
Côté faim, l’objectif du programme : être à l’aise avec sa faim, qui n’est rien d’autre qu’un signal, plus ou moins fort, qu’il faudrait songer à manger, que ce serait alors une source de plaisir, de réconfort, de contentement. Être capable de choisir le meilleur moment pour cela, et si nécessaire, savoir différer la satisfaction afin de l’augmenter.
Mais être souple avec sa faim signifie aussi ne pas faire une maladie d’avoir dû manger sans réelle faim, pour une raison ou pour une autre, et alors, savoir attendre son retour pour remanger. Ainsi se fait la régulation.
Côté EME, savoir distinguer faim et EME, savoir vivre des moments pénibles sans les éviter à coups de nourriture. Cette augmentation de la tolérance émotionnelle s’acquiert par un travail assidu, dont la pleine conscience est un des principaux outils.
Bon, j’espère vous avoir éclairé. Merci pour vos posts, à toutes et tous, toujours aussi passionnants!
bonjour,
Je trouve beaucoup de réponse dans vos différentes réponses. Ca me rassure aussi de savoir que je ne suis pas toute seule à éprouver ce genre de ressentiement face à la faim....Mais voilà je vais commencer l'experience de la faim lundi et j'angoisse.... Je ressens exactement la même angoisse qu'avant de commencer un régime! j'ai l'impression de me préparer psychologiquement à être en restriction! En gros, j'ai l'impression que je vais devoir encore me priver, comme durant toutes mes années de régime....Je vis donc l'expérience de la faim comme une forme de régime....Est ce normal?
Ton angoisse est sans aucun doute lié à toutes les frustrations que tu t'es imposées jsuqu'à présent avec les régimes. Mais là, tu ne fais pas un régime, tu fais des expériences pour te permettre de te connaître, de connaître les besoins de ton corps.
Vois l'expérience de la faim comme une expérience, ce n'est pas autre chose, et certainement pas une frustration supplémentaire que l'on t'inflige !
Expérimenter la faim, ce n'est en aucun cas se laisser s'affamer. Tu dois manger quand tu sens une bonne faim et arrêter de manger dès que tu n'as plus de sensation de faim. Quoi de plus normal ? Et cela en sachant que dès que tu as à nouveau faim, tu as le droit à une nouvelle prise alimentaire. Il n'y a donc aucune restriction. De plus, tu peux manger tout ce qui te fait plaisir, sans te soucier si c'est "autorisé" ou pas !
J'ai trouvé cette expérience particulièrement intéressante, car je me suis ainsi aperçu que non seulement je n'avais jamais faim quand je passais habituellement à table et que j'étais en fait une toute petite mangeuse. Et au lieu de m'empiffrer de n'importe quoi sans plaisir aucun, je mange maintenant lentement de toutes petites quantités que j'apprécie parce que je déguste ce que je mange.
Bon courage à toi, donne-nous des nouvelles !
merci Didil! tes réponses sont toujours aussi réconfortantes et rassurantes.... Le problème c'est que je sais tout ça ! j'ai déjà fait ces exercices avant ( j'etais suivi par une dieteticienne du GROS qui applique donc les recommandations de la méthodes ) et j'avais cette (horrible) sensation d'etre au régime.... j'ai des pensées de régimeuse " ce week end c'est relache mais lundi je m'y remets" ... tu comprends ce que je veux dire???? j'ai beau lire vos expériences, vos commentaires.... J'angoisse à l'idée d'avoir faim.... La seule chose qui m'apaise c'est que " en guise de récompense" je vais pouvoir choisir la collation " qui me fait plaisir" .... c'est grave docteur?????
bonjour dilodi,
oui ta peur de la faim est intense, elle t'incite à remettre au lendemain pour la faire disparaitre (mais bêtement ça ne marche pas...)
peut-être que derrière cette peur se cache d'autres copines à elles : genre : la peur d'échouer ou encore celle de réussir...
bref la peur c'est un peu normal quand on se met en situation de challenge, on n'est pas des robots.....
souvent la meilleure chose à faire, avec la peur, c'est l'accueillir : salut vieille branche, tu me noues les tripes, ok, mais je le fais quand même..... respiration.... action
ce n'est pas une lutte contre la peur qui pourra t'aider, ce n'est pas un bras de fer, mais au contraire cette idée que ta peur est bénéfique, elle te montre que ceci est IMPORTANT pour toi, et aussi elle peut te donner de l'énergie pour affronter ces défis....
la peur peut te donner l'énergie de faire les choses importantes pour toi, elle te montre où sont ces choses et elle te donne l'adrénaline pour les réaliser...
le mieux c'est de faire et re-faire l'expérience de la petite faim, avec une conscience de cette peur, un accueil, et puis quand ta peur et toi vous êtes prêtes pour la moyenne faim, allez on se lance.....
et la grande faim, ma foi.... une fois m'a suffit, hein.... et je ne l'ai pas poussée très loin (faut pas pousser mémé dans les orties) parce que quand même c'est bien la moyenne qui nous intéresse...
quelques bonnes respirations pour faire de la place à cette peur qui t'accompagnera tant qu'elle te sentira en situation de challenge
quand tu maitriseras ça les doigts dans le nez, la peur n'aura plus raison d'être, elle ne sera plus là
la peur, il faut s'en faire une copine, même si elle est pas jolie jolie, elle est super utile....
et bientôt, comme beaucoup de personnes ici, non seulement tu n'auras plus peur de la faim, mais tu l'attendras avec impatience, avec délice, cela deviendra une sensation agréable..... oh mon doux tiraillement dans l'estomac qui n'est plus synonyme de privations, de perte de contrôle, mais d'un délicieux repas, de dégustation, d'union avec mon corps et de satisfaction.... (envolée lyrique...)
on pensera à toi dilodi... demain? ou lundi?
Franchement vous êtes au top .... Vos messages sont d'un réconfort énorme..... merci merci merci! Izabelle je n'avais jamais envisagé d'imaginer la faim ainsi.... Mais finalement c'est toi qui a raison, je dois l'accepter, lui "faire une place" dans cette expérience....
Je commence lundi, demain c'est les 9 ans de mon fils.....
Encore merci pour votre soutien, j'espère sincèrement pouvoir un jour vous rendre la pareille.....
alors on pense à toi lundi
ma fille a 9 ans aussi et il y a aussi quelqu'un d'autre qui se reconnaitra avec un fils de 9 ans.... et aussi Lorraine, non, ta fille?
bref, on a toutes été enceintes en même temps, c'est marrant, non?
Coucou les filles,
Non Iza, ma fille -Marion - est un peu plus vieille, elle vient d'avoir 11 ans , ...normal la mère est plus vieille aussi
Mais elle -la fille- adore -encore !- jouer aux playmobil comme . les enfants de 9 ans ....
Bises du samedi,
Fabienne
Bonjour dilodi,
Peut-être que pour te réconcilier avec la faim, il faut que tu y ailles très très doucement ? Du genre te réassurer avec des micro-collations dès que tu sens que l'angoisse de la faim arrive, histoire que ton corps et ta tête sachent que tu n'es pas en restriction et que tu peux absoluemnt manger quand tu veux ? Sachant que cette micro-collation n'impactera pas finalement la faim qui est en cours d'apparition et donc ton expérience de la faim retardée... L'idée c'est d'adapter un peu le protocole. As-tu contacté la coach ?
Pratiques-tu déjà la RPC ? Connais-tu la RPC appliquée à la sensation de faim ? Elle te permet(tra) surement de mieux connaître et de mieux tolérer cette anxiété qui monte.
Bonne continuation en tout cas, et tiens-nous au courant de tes avancées !
Mandala