faire du sport au milieu des autres
J'ai envie de parler de ce problème de notre corps quand nous faisons du sport — mais pas à la maison planquée derrière notre écran avec notre petit bonhomme virtuel qui s'agite tout seul dans l'ordinateur, non, du sport dehors, avec des gens qui en font aussi, et qui du coup nous regardent — ou du moins nous voient.
Je commence par une anecdote toute fraîche.
Aujourd'hui, je suis allée à la piscine. J'ai un projet un peu dingue : participer à la traversée de Paris à la nage en septembre prochain. Je me suis inscrite sur un coup de tête et là, j'ai voulu voir si c'était dingue ou réaliste. Donc, j'ai pris mon maillot, me suis mise dans une ligne d'eau, et j'ai commencé mes longueurs. Au bout d'environ 1/2 h, un jeune homme m'a demandé poliment si je pouvais aller nager ailleurs. J'ai demandé pourquoi : il m'a dit que je nageais plus lentement que les autres, et que donc je gênais la circulation. Je lui ai fait remarquer qu'il existait une ligne d'eau spéciale "nageurs rapides", qu'il pouvait donc y aller. Il m'a dit qu'il parlait de nageurs moyens... j'ai insisté, en expliquant qu'il n'existait que 3 vrais couloirs, dont un bloqué par les cours de natation, un par les nageurs rapides, et le nôtre. Il a voulu me renvoyer sur la partie de la piscine non balisée, où se côtoient les nageurs, les enfants, etc. J'ai refusé.
Le gars était furieux, et moi aussi.
J'ai beaucoup réfléchi, durant mon heure de natation. Au début, ça m'a juste gâché le plaisir. Et puis, au bout d'un moment, je me suis demandé si j'étais plus ou moins légitime que lui. C'est un homme, il devait avoir 30 ans. Je suis une femme de près de 50 ans. Je nage la brasse. Je ne me suis pas arrêtée une seule fois (sauf pour lui parler, évidemment), j'ai fait mes 70 longueurs en une heure, ce qui représente 1 km 750. D'accord, ce n'est pas un temps de compétition, mais ça ne me semble pas non plus honteux. Après tout, les nageurs rapides gênent les lents autant que le contraire.
Alors ? Ai-je squatté un espace réservé aux gens jeunes, minces et beaux, où ont toute leur place les sportifs qui font du dos crawlé et vous rentrent dedans à tout bout de champ ? Ou bien ai-je légitimement occupé le terrain malgré mon corps pas sportif, pas performant, mais après tout aussi légitime qu'un autre ?
J'ai choisi de ne pas céder. Le gars est arrivé après moi, il est parti avant moi. Question endurance, au moins, je l'ai battu... à moins qu'ils ne soit parti dégoûté par ma mauvaise volonté à laisser le champ libre aux "vrais nageurs" ?
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Coucou à toutes ! (et à tous)
Je suis de retour de ma semaine de rando...
Je n'ai pas croisé de randonneurs méprisants, car personne ne semblait suivre le même itinéraire que nous, et mon mari avait surtout réservé des hébergements avec chambre plus que dortoir, c'était luxueux. On s'est fait beaucoup dépasser, mais surtout par des trailers (des gens qui courent comme des dératés dans la montagne, c'est le sport à la mode, moi ça me fait peur, j'en ai vu un tomber et il a failli se faire très mal) et des gens qui se baladaient à la journée et avaient un tout petit sac à dos de rien du tout !
On a bien marché — entre 4 et 7 heures par jour, tranquillou et sans forcer. On est allés, en fait, de Grenoble à Chambéry à pied, par la montagne et avec force tours et détours.
A mon retour, j'apprends que la course dans la Seine est annulée, sur ordre de la Préfecture de Paris. Un appel est en cours, mais a-t-il la moindre chance d'aboutir ?
Je suis déçue, bien sûr, mais pas tant que ça : grâce à ce projet, même s'il ne se concrétise pas, j'ai appris à mieux gérer mon souffle, j'ai eu ici même des conversations qui m'ont profondément touchée — merci, Calico, te lire m'a mis les larmes aux yeux, je deviens sentimentale en vieillissant — et j'ai pris confiance dans les capacités de mon corps. Dimanche, arrivés à Chambéry chez nos copains, on a passé l'après-midi près d'un lac magnifique, et j'ai fait la traversée à la nage avec le copain. Environ 1 km aller, 1 km retour. L'année dernière, on était allés à ce même lac avec eux, et je n'avais pas osé m'éloigner du bord de plus de quelques dizaines de brasses...
Donc, même si "Paris à la nage" est à l'eau, tant pis, ce qui compte, ce n'est pas le but, c'est le chemin !
Coucou tout le monde, coucou Rikki,
La Seine, ou le Lac près de Chambéry, ce qui compte comme tu dis, c'est le chemin (personnel) parcouru, et là, tu es loin devant ;-). En plus, niveau décor, ça devait être vachement beau non ?
En tout cas, bravo Rikki pour cette belle philosophie de vie, et tout ce positivisme :-) ! C'est super contagieux, et c'est très bien ;-).
ah ben oui alors, c'est beaucoup mieux Chambéry ! et bravo pour la traversée aller-retour ! wouaw ! J'ai pensé à toi ce matin à la piscine, dans mes 10 dernières longueurs, je me disais, Rikki, elle les aurait faites... Mais je ne pourrais pas encore traverser le lac, ou alors par étapes.... Bravo !
Bravo Rikki !
Merci de nous avoir fait partager tous ces moments de vie, tes interrogations, tes doutes, tes angoisses, tes réussites. Et aussi ta ténacité, ton courage et ton enthousiasme. C'est une belle leçon pour moi.
En lisant tes posts sur ce fil, je me rends également compte que j'ai peur de l'eau... un nouveau travail à faire sur moi.
Je ne te connais pas "en vrai", mais j'ai envie de t'envoyer de grosses bises pour tout ce que tu as fait et nous a confié.
moi aussi Rikki, je te remercie !
je vais nager parfois, au gré des demandes des enfants... mais je nageotte... quelques longueurs... de peur de me faire mal...
tes efforts, tes témoignages m'ont donné des références (on peut nager 2,5 km sans danger même en n'étant pas médaillée olympique!)... du coup, ce matin j'ai fait mes 14 longueurs sans pause.. un exploit pour moi... et m^me pas mal! sauf les mollets qui risquent d'être un peu raides demain !
Hello Rikki,
ton exemple est admirable. Et j'en prends de la graine. Car même si tu ne parviens pas (je ne te le souhaite en aucun cas et je te tiens les pouces fort, fort) à boucler ces fameux 2,5 kilomètres dans la Seine dans les temps, toutes tes séances d'entrainement n'auront pas été vaines. Parce que franchement, aligner les longeurs de piscine comme tu le fait, chapeau. Mine de rien, tu habitues ton corps à l'effort, tu fait marcher la pompe, tu augmentes ton métabolisme, tu améliores tes conditions physiques, et patati et patata. Bravo.
Et en plus, c'est contagieux.... hihihi.
J'ai repris mon maillot, celui qui est pour fendre l'eau plus vite que les hors bords et je suis retournée à la piscine, après des années de flemme aigue.
Et là, j'ai constaté que je n'avais plus du tout la forme. Je suis revenue, courbaturée et vexée. Mais je n'ai pas abandonné pour autant. Et j'y suis retournée, en modérant mes ardeurs et dosant mon effort et je n'ai plus souffert de courbatures. La forme revient gentiment. Je n'en suis pas à aligner les kilomètres. J'ai juste dans l'idée de retrouver le plaisir de glisser dans l'eau et de sentir mes muscles.
Et ce plaisir retrouvé, je te le dois, car sans ton récit et ce qu'il a suscité en moi, je n'aurais probablement pas remis les pieds dans une piscine avant longtemps. (toujours une bonne excuse, c'est trop loin, pas le temps, pas envie de mouiller mes cheveux, etc). Donc un grand merci.
Je te souhaite une belle et bonne semaine de randonnée.
A+
Oui, Nikaia, tu as raison, mais de toute manière tout ça est multifactoriel.
A Paris, en allant à la piscine, j'y vais souvent le matin au réveil, donc sans manger avant, et je n'ai jamais eu de gros coup de pompe. Facile : pas encore de fatigue de la journée, et pour cause, et l'eau est à 28°.
Je pense que la température joue beaucoup : le corps utilise quand même pas mal d'énergie pour lutter contre le froid !
Et puis on n'est pas des robots, plus d'une fois je me suis fait la remarque en rentrant à la maison sur mon petit vélo : suivant les jours, la dernière côte me semble atroce, quasiment impossible à monter — d'ailleurs, je descends et je pousse ma bécane — ou bien tout à fait faisable, sans même forcer !
Là, je pars pour une semaine en rando, et la question du "au milieu des autres" va de nouveau se poser, forcément : dans les refuges et les gites d'étape, ça va encore être bourré de vieux montagnards, de jeunes sportifs, tous super minces, super bronzés, super entraînés, qui vont raconter leurs précédents exploits, se lever à 5 h 30 pour être partis à 6 h 00 et faire l'étape en 5 heures quand j'en mettrai 8. Ils vont me regarder bizarrement en se demandant comment cette grosse dame peut faire pour marcher en montagne. Mais bon, je vais le faire quand même, tranquillou, à mon rythme (et à celui de mon mari, qui ne rajeunit pas non plus, et qui n'a pas minci ces dernières années, maintenant que j'y pense), et en soutenant les regards avec le sourire, tout ira bien.
Rikki, tu as tout à fait raison, la température de l'eau joue énormement (car l'eau est un bon absorbeur de chaleur ... donc le corps doit lutter en permanence pour ce maintenir à température ) et l'etat de fatigue général! (et je te rejoins sur la dernière cote à vélo ... ou pas forcément la dernière d'ailleurs ...)
pour ce qui est de ta rando .. Peut etre qu'à la première étape c'est ce qu'ils se diront (il y a des cons partout)... mais après, quand ils te verront arriver à l'étape suivante, peut etre plus lentement qu'eux .. (et alors???) d'après moi ce sera : "p* je pensais pas qu'elle le ferait! chapeau!" et peut etre que tu réussiras mine de rien à leur faire changer leurs idées préconcues ...
et je pense que tu verras aussi des petites jeunes (ou des petits jeunes) qui sont là pour suivre leur (nouveau) petit copain (e) et qui n'ont pas d'entrainement non plus et qui vont souffrir aussi beaucoup alors qu'ils sont tout minces et tout bronzés mais qu'ils n'ont pas du tout l'habitude de la marche
bonne rando!
Nikaia
Marie-Paule, les 10 dernières longueurs, je ne les aurais pas faites il y a 3 mois !
Quand je relis mon premier message ici, je vois que j'avais fait 1750 m en une heure, et maintenant, j'en suis à presque 2 km en une heure, ça va vite les progrès quand même !
Si tu t'y mets / remets, tu vas vite en sentir les bénéfices.