Quand on n'y arrive plus...
Je ne sais pas ce qu'il y a dans ce "y", mais je n'y arrive plus.
Je n'ai même pas l'impression de manger parce que j'ai une EME (je déteste ce sigle, en fait, il ne me parle pas, ne m'a jamais parlé, et peut-être que je devrais éviter de l'employer) mais parce que j'ai envie de manger sans y penser.
J'ai envie de faire les choses en pleine inconscience.
Je retrouve des comportements anarchiques dans la manière e me nourrir. Du coup, je ne remplis plus rien, ni les comptes rendus d'exercice physique (et pourtant, j'en fais pas mal !), ni les comptes rendus de programme alimentaire (la satiété ? Tu parles, Charles, je commence déjà à manger sans avoir faim, alors...)
Comme je fais n'importe quoi, je me réveille chaque matin avec l'intention de m'y remettre. Ca vous rappelle quelque chose, ça ? "Demain, je m'y remets", "A partir de ce matin, je fais gaffe" ? Bien évidemment, je fais tout le contraire. Je recommence à jouer contre mes propres intérêts. Du coup, ça me met en colère contre moi-même, et devinez comment je me "punis"...
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[quote=liegama]
J'ai l'impression qu'à chaque fois que je prends le risque de ressentir des émotions inconfortable, je saisie également l'opportunité de constater que je ne meurs pas de cette émotion. Par conséquent, la prochaine fois que je la ressens, je peux l'accueillir encore un peu plus, et constater de nouveau que ça ne fait que me traverser. C'est la lutte contre l'émotion, la résistance qui lui donne du pouvoir qui lui donne de la force et qui génère la peur.
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Merci pour ce fabuleux post Liegama.... je suis très touchée par ces vérités, de plus on sent que c'est vraiment du vécu
Comme toi, j'ai souvent bien du mal à "ressentir" mes émotions en première intention, je ne m'en aperçois que parce que je suis en train de "ruminer" mentalement, que je suis déconnectée de moi-même, ou alors quand j'ai une EME
en fait je me suis aperçue, au fil de mon parcours ici, que je zappais totalement mes ressentis, genre "tout va bien", mais non ça ne me fait rien, ça ne m'atteint pas
mais une personne hypersensible qui s'efforce de ne pas ressentir, ça fait beaucoup, beaucoup de contrôle émotionnel
la pleine conscience m'a beaucoup aidé, bien entendu, à pouvoir ainsi accepter de ressentir
sinon j'ai aussi beaucoup apprécié ce que tu as dit sur le soulagement et l'association avec l'aliment réconfortant, c'est très profond et intéressant
Liliprune, une question pour comprendre. Tu cherches activement l'échec ou bien tu ne parviens pas à chercher activement la réussite ? Je trouve que les deux choses ne sont pas identiques. Pour ma part, j'ai régulièrement ressenti la seconde attitude, mais je trouve faux de dire que j'ai donc, par glissement de sens, inconsciemment ou consciemment cherché l'échec. Je trouve les échecs cuisants, même si la réussite n'est pas (toujours) mon fort.
Quand tu ne parviens pas à faire ce qu'il faut pour atteindre un but, ça ne veut pas dire que tu fuis ce but, ça veut dire que tu as un mal fou à gérer la notion même de but... Pour ma part, quand j'ai un but, des sirènes visuelles et sonores s'allument (les fameuses pensées ou émotions du style "Tu n'y arriveras pas ! Quelle angoisse !") et donc, ça semble plus reposant dans l'immédiat de lâcher le but... mais au bout d'un moment, on comprend qu'on lâche la proie pour l'ombre, et qu'on n'attrappe jamais rien, et les sirènes se remettent en marche, parfois plus fort "Décidément, tu n'arrives jamais à rien ! Fatiguée avant même d'essayer !!!"
Bref, laissons jouer ces sirènes, tels des acouphènes, et cultivons notre jardin.
Pour en revenir aux étapes dont parlais le docteur Zermati, parfois on passe d'une phase à l'autre avant de bien intégrer...De concienmment incompétent on devient consciemment compétent pendant un moment et oups, on a envie de lâcher et de ne plus penser à tout ça comme disais Rikki. Depuis plus d'un an que je suis ici, j'ai vécu les deux par intermittence. Par contre une chose que je ne laisse plus tomber, c'est la faim.
Parfois quand j'ai du mal avec la dégustation et les prises alimentaires en pleines conscience, j'avale tout rond, sans y penser et devant la télé. Ici et dans ma vie, il n'y a plus de place pour la culpabilité, je fais des choix et je tente de les apprécier. Ça aussi ça me fait du bien.... mais j'essaie ensuite d'attendre d'avoir faim... et malgré tout, les quantités sont moins astronomiques, comme quoi il y a un bout qui est finalement intégré.
Mais le fait de rester connecté à ma faim me permet de ne pas prendre de poids. Par contre dans ces moments, je n'en perds plus. C'est vraiment la dégustation et l'alimentation en pleine conscience qui me permettent de perdre du poids parce que dasn ces moments je respecte aussi ma satiété et je n'ai pas peur de manquer de nourriture ou d'en jeter. Mais je suis très lucide avec tout ça et je me dis que tout se placera complètement un jour, petit à petit. Je peux vivre avec ça. J'ai du poids en moins et je ne suis plus obsédée. Plutôt soulagée!!!
Mon guide c'est ma faim. Même quand je me laisse aller à des "envies de manger". Je ne trouvais pas non plus le terme EME pour ma situation. J'en ai conclu que ce sont des envies-de-manger-qui-ne-sont-pas-guidées-par-la-faim. "EMPGF". Beaucoup mieux comme ça... on dirait un juron ;-). Dans mon cas, les deux raisons qui me font manger plus que ma faim sont les conventions sociales (J'aime le rituel des repas) et la peur de jeter ou de manquer (Dr. Apfeldorfer parle d'agoisse de séparation)... Mais pendant de très longs moments j'y arrive. je ne sais pas pourquoi tout débarque à certains moments... Mais maintenant, c'est de moins en moins rare. :-). Le plus difficle c,est d'abandonner l'attitude du foutu pour foutu dans le smoments difficiles.
N'abandonnons pas, nous y arriverons!
Tu as raison, "se saboter" c'est un peu dur comme analyse mais n'ayons pas peur des mots, ils sont le reflet de notre pensée donc à prendre en considération.
Et oui il y a un vieux mecanisme en moi qui cherche sans répis l'échec! dans tout un tas de domaine. c'est dur, je le repère assez facilement maintenant et je peux contre carré ses plan mais voilà c'est un vieux vieux vieux mécanisme et il me faut vivre à ses côtés sans me perdre dans ses filet :)
le tout est d'accepter que ça fait partie de moi sans m'y perdre
[quote=liliprune]
il y a un vieux mecanisme en moi qui cherche sans répis l'échec! dans tout un tas de domaine.
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ça m'étonne ça, mais c'est vrai que je connais des gens qui ont peur de la réussite
c'est pas mal de chercher pourquoi...
et puis des fois y'a pas vraiment de raison... mais on ne se donne pas le droit, simplement, on se freine.....
par humilité ou plutôt par peur de son propre orgueil
je suis passée par une période "j'ai le droit de rayonner" pour avancer là-dessus, on s'empêche de tellement de trucs..
Coucou Mesdames,
Maggy, Liliprune, Nath, vous opposez "manger avec sa tête" à "manger avec son corps". Ce n'est d'ailleurs pas ainsi que le formule Liegama.
Vous avez remarqué que les médecins (les nôtres ici présents) n'utilisent pas cette opposition, mais bien plutôt "manger avec sa bouche" (ce qui est souhaitable, être très attentif à ses sensations alimentaires à chaque bouchée) à "manger avec son ventre" (ce qui ne l'est pas, souhaitable, ne surtout pas attendre d'avoir le ventre plein.)
Dans tous les cas, notre corps et notre tête sont impliqués, notre corps et notre tête marchent de concert, et de conserve, car ils sont indissociables, et il ne s'agit pas de les opposer. Il s'agit bien plutôt de savoir si l'esprit se concentre sur la bouche ou sur le ventre.
Je crois que ça a son importance de ne pas s'inventer une opposition tête/corps, courante certes, mais fort peu utile pour le cas qui nous occupe.
Sinon, quand certaines d'entre vous utilisent aussi l'idée "se saboter", ça me fait de la peine. Je ne suis pas sûre que vous êtes masochistes, je constate juste que ça devient si compliqué pour vous que vous pensez l'être. Ne pourriez-vous pas juste vous convaincre que "vous n'y arrivez pas tout le temps", ou bien que "vous n'y arrivez pas en ce moment" simplement ? et non pas que "vous vous sabotez", car il y a une auto-critique, un jugement dans cette phrase, très violente, non seulement vous vous gâchez la vie, diablesse que vous êtes, mais inconsciemment en plus ! Vous piétinez "en tout conscience" la dernière chance qui vous est offerte d'être mince et heureuse. Je ne suis pas sûre que cela vous aide à être douce et bienveillante envers vous-mêmes, et c'est un euphémisme. Je pense que celles qui pensent comme cela liront avec profit le piège du bonheur, de Russ Harris (quoi ? Je l'ai déjà dit ? Je rabâche ? Ahem, c'est le grand âge qui commence...) :)
Ce que vous ecrivez là me rassure et m'aide à prendre conscience que je ne suis pas seule.
En effet, je traverse une periode de doute par rapport à ma capacité à changer mes comportements. En ce moment, à chaque EME, je me trouve une excuse, je me dis que ça ira mieux demain...bref, je me sabote en toute inconscience...en me donnant de bonnes raisons de continuer les comportements inadaptés. Le cerveau a tant et tant de ressources pour arriver à ses fins qu'il faut redoubler de finesse pour voir ses stratagèmes
Heureusement que le forum existe dans ce programme car en vous lisant, j'ouvre les yeux, en vous lisant, je prends conscience, en vous lisant, je trouve le courage de continuer ce programme.
Wahoo Liegama, c'est magnifique tout ce que tu exprimes dans tes deux posts !
[quote=liegama]
Tout mon fonctionnement fait que j'avance à pas de fourmi, d'acarien même, des micro-minuscules petits pas (au grand dam de mon mari qui aimerait souvent que je fasse des grands choix radicaux et des grands pas). J'ai l'impression de me traîner, mon changement n'est pas "joli", ni dramatique, grandiose, fabuleux comme dans les films que je me faisais dans ma tête toutes ces années (demain ça ira mieux, demain je serai mince, demain j'aurai réussi ceci etc...).
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Au contraire, je trouve que c'est une vraie révolution qui se produit dans ta tête ! Alors effectivement ça ne se voit peut-être pas beaucoup à l'extérieur, mais en te lisant on perçoit des pas de géant ! Et à mon avis ce n'est qu'un début...
Bravo !