éducation et restriction
Bonjour à tous,
je me suis demandé comment on pouvait éviter de provoquer des mécanismes de restriction cognitive chez nos enfants alors qu'il faut bien les éduquer quand même, enfin je crois... Je ne vois pas comment élever ses enfants sans règles concernant l'alimentation mais j'ai du mal à comprendre ce qui différencie ces règles de celles qui font partie de la restriction cognitive. Par exemple j'impose à mes enfants de manger du plat (sans obligatoirement finir l'assiette, mais au moins la moitié de l'assiette) avant de prendre le dessert, sinon, ils ne mangeraient que des desserts alors que comme ça ils mangent de tout. Et aussi, je leur demande d'attendre le repas s'ils veulent un bonbon juste avant ou alors je propose un fruit à la place et en leur expliquant que le bonbon va leur couper l'appétit et qu'on ne peut pas se nourrir que de sucre, pareil pour le goûter, pas plus d'un gâteau et s'ils ont encore faim, un fruit ou un laitage. Est-ce grave docteur ?
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Les ados peuvent avoir de gros besoins énergétiques, quelquefois le double, voire plus, que leurs parents. Vive les pâtes!
Bonjour tout le monde!
L’éducation alimentaire que les parents doivent à leurs enfants fait partie de l’éducation générale. Il est donc bien entendu conseillé de ne pas laisser les enfants manger à tort et à travers, sur un mode sauvage, non civilisé. Mais une fois qu’on a dit cela, cela ne nous avance pas beaucoup. Quelle éducation alimentaire ?
Tout d’abord, il convient de se souvenir que les enfants sont pourvus d’un système de régulation performant, qu’il s’agit de ne pas contrarier. Il convient donc de les recentrer sur l’écoute de leurs sensations alimentaires de faim et de satiété. On mange quand on a faim, on s’arrête quand on n’a plus faim. On peut poser des questions comme : « comment as-tu trouvé tel aliment ? J’ai changé telle chose par rapport à la dernière fois, est-ce meilleur ou moins bon ? »
De plus le plaisir alimentaire est un élément fondamental de la régulation : on mange pour le plaisir, on s’arrête lorsque ce plaisir est obtenu et terminé. Pour que le plaisir soit présent, il faut avoir faim ou encore faim.
Et encore, il convient de respecter un certain nombre de règles sociales, pour manger sur un mode convivial et civilisé. Les règles sociales dépendent de l’époque, de la culture, et ajoutent au plaisir gustatif celui du plaisir de partager.
La variété alimentaire : les enfants passent par une phase de ce qu’on appelle la néophobie alimentaire. Ils décrètent qu’ils ne veulent pas tel ou tel aliment. Le mieux, pour leur apprendre à manger varié, est de leur présenter le plat en question, leur demander de goûter, et s’ils déclarent n’en pas vouloir, ne les contraindre à rien. ILs mangeront autre chose, ce qu'ils veulent, ou rien. On leur montre aussi que les adultes mangent de ce plat et l’apprécient. Quelques jours plus tard, on leur représente le même aliment et on recommence.
Dire à des enfants : mange d’abord tes légumes et après tu auras du dessert en récompense valorise le dessert, le rend plus attirant, et dévalorise les légumes. Si on veut que des enfants aiment les légumes, mieux vaudrait leur dire : finis ton bonbon, et après, si tu es sage, tu auras les légumes. De plus, ces légumes seront bien évidemment bien plus appréciés s’ils sont cuisinés plutôt que servis à l’eau !
Je rappelle aussi que lorsque l’enfant mange ainsi, selon son plaisir, selon ses sensations alimentaires, sur un mode de plus en plus convivial et civilisé au fur et à mesure qu’il grandit, il fera le poids qu’il doit faire, selon sa biologie.
On a mis en évidence une série de gènes qui contrôlent les réserves adipeuses. Mais plus récemment, on a aussi mis en évidence des gènes qui contrôlent le comportement alimentaire. Je pense que c’est sans doute en modulant la sensibilité aux sensations alimentaires. Les prochains travaux le préciseront sans doute.
Certaines personnes, en fonction de leur génétique, percevraient leurs sensations alimentaires de faim et de satiété de façon plus aigue, tandis que d’autres les percevraient moins bien. Les personnes ayant une perception aigue de leurs sensations alimentaires seraient incapables de manger plus que leurs besoins et seraient incapables de prendre du poids. Cela donnerait des maigres constitutionnels.
Et c’est là qu’intervint l’histoire personnelle et familiale. Une éducation alimentaire bien faite permettrait aux personnes moins sensibles à leurs sensations alimentaires de mieux les percevoir et de mieux réguler leurs apports. Ces personnes feraient alors le poids programmé génétiquement. Elles seraient un peu rondouillardes, mais sans plus.
Alors qu’un manque d’éducation, ou une alimentation gouvernée par les facteurs émotionnels aboutiraient à un poids pouvant être largement au-dessus du poids génétiquement programmé.
Je suis heureux de voir que nombre d’entre vous ont bien compris ces principes éducatifs, si différents de ce qu’on entend habituellement ! Cela fait vraiment plaisir. Bravo tout le monde !
merci Dr A. pour cette réponse détaillée
C'est déjà énorme et de s'interroger et de pouvoir se remettre en question !
Je l'écris souvent, mais c'est en m'entendant dire à mon aîné "finis ton assiette" (il devait avoir dans les 3 ans, et était bien potelé) que j'ai réalisé ce que j'étais en train de reproduire. Aujourd'hui je me bats avec toute la famille pour que mes enfants aient le droit de ne pas finir, ne pas vouloir de dessert et en réclamer un plus tard, et ainsi de suite. Je dois à mon loulou d'avoir découvert le site du GROS et Zermati. Finalement, les enfants nous éduquent :-)
Algaso, ne culpabilise pas à propos de tes enfants. Je n'ai pas une très bonne relation avec ma mère, je lui reproche beaucoup de choses mais s'il y a bien quelque chose sur lequel je ne lui en veux pas c'est sur son rapport aux aliments bons-qui-font-pas-grossir / mauvais-gras-sucrés-qui-font-grossir. Tout simplement parce que je sais que ce n'est pas de sa faute si j'ai grandi avec l'idée que les bonbons c'était le mal, elle est victime des nombreux discours sur la minceur et l'alimentation et pensait faire ce qui était bien.
Merci Sagattine, c'est vrai que nous sommes victimes de toute la communication qui est faite autour de la minceur et de l'alimentation. C'est certain qu'une méthode comme LC ne correspond pas aux besoins de notre société d'obtenir tout très vite et donc aux victimes de la minceur de maigrir toujours plus et toujours plus vite. Ici il nous faut renouer avec notre nature même et accepter que ce soit long et surtout que le résultat ne soit pas forcément conforme à l'image de la femme mince que l'on voit dans tous les magazines!
C'est un sujet passionnant et qui je l'avoue me pose toujours question. Je vous explique pourquoi : vous donnez l'exemple de vos enfants qui globalement n'ont pas de souci de poids.
J'ai 4 enfants, de 3 à 10 ans. L'aîné est très mince et très sportif, je ne me pose pas de question. Le deuxième est ultra mince, idem. Arrivent mes 3e et 4e, mon 3e (on dirait une charade :)) a 5 ans et s'est toujours bien porté. Il n'est pas gros, mais a de bonnes cuisses, un beau petit ventre rebondi. Je me pose des questions !
Idem pour ma fille, 3 ans, pas grosse mais très grande, un peu potelée, mais pas plus que ça. Et je sens tout de même que je suis moins à l'aise qu'avec mes aînés très fins.
A la rigueur, celui qui me pose le plus de questions, c'est donc mon 3e. Je ne m'inquiète pas trop, il est ultra actif, dès qu'il va faire un peu plus de sport, je sens que sa petite bedaine va disparaître. Mais je vois bien qu'il mange "beaucoup", pour son âge. C'est celui qui globalement mange de tout, chouette. Mais il va aussi prendre d'énormes bouchées, manger vite, goûlument, et il arrive souvent que je le sente insatiable. Dimanche, mon mari fait des lasagnes, il en prend deux belles parts, et en redemande. On le freine quand vraiment c'est manifestement trop. J'essaye de lui faire manger un peu moins vite (j'ai ri aussi en le voyant manger les yeux fermés, j'avais dû leur en parler un jour après un exercice :). Mais voilà, on sent que pour lui, la nourriture c'est quelque chose. Et que la satiété n'est pas si naturelle.
Dans un des livres de Gérard Apfeldorfer, il y a un chapitre sur l'alimentation des enfants, mais je ne m'y suis pas complètement retrouvée : nous mangeons à table, sans télé ou autre stimulus (déjà à 6, il y a pas mal de bruits !), nous varions les repas, valorisons la cuisine-maison.
En regardant autour de moi, je vois bien que chez certains enfants, très tôt, le besoin de manger beaucoup se fait sentir. Comment travailler avec eux pour ne pas non plus rentrer dans la restriction ?
Bonjour Emman,
Tout d'abord je crois qu'il n'y a pas de réponse toute faite, je n'ai pas de solution universelle à te proposer, juste des pistes. Je me suis demandée comment moi je réagirais si mes filles étaient effectivement très attirées par la nourriture, ce qui effectivement n'est pas le cas, elles sont très gourmandes mais savent tout aussi bien s'arrêter lorsqu'elles n'ont plus faim. J'entends souvent ma grande dire au moment du dessert quand je lui demande ce qu'elle vut "rien j'ai trop mangé" et 1 à 2h00 après me demander une danette (c'est ce qu'on appelle ke fractionnement des repas non? ).
Maintenant, nous ne sommes pas tous pareil non plus en termes de morphologie et de besoin. Ton 3ème n'aurait-'il pas tout simplement une "charpente" plus imposante que les autres et donc des besoins supérieurs? Tu dis toi-même qu'il n'est pas gros, et ce n'est pas parceque les 2 premiers sont fins qu'ils doivent tous les 4 se ressembler? je pense qu'il y a un moment charnière où un enfant "ni gros ni mince" peut basculer, suivant le discours et les agissements de ses parents. Mes parents m'ont mise au régime à l'âge de 7/8 ans, plutôt que de m'envoyer voir queluq'un avec qui parler par exemple, c'est vrai que je mangeais quand je m'ennuyais. Ce premier régime a tout fait basculé et a complètement biaisé ma relation avec la nourriture. C'étiat évidemment le premier d'une longue série!
S'il s'agit aussi de gourmandise à propos de ton fils, profites de son côté bon vivant (ma grande est très mauvais public quabnd je cuisine!) et aiguise son goût en lui apprenant à déguster! Mais surtout, ne le "prive" pas, ne fais pas en sorte que l'acte de se nourrir soit associée pour lui à une "punition". Faites des gâteaux ensemble, allez faire le marché... Et qui sait i deviendra peut-être un grand chef
Ce que j'avais retenu de "Manger en paix" de G.A moi, c'est que si on a des enfants qui ne sont pas très axés sur la nourriture, laissons les manger ce qu'ils souhaitent de toutes façons ils ne se laisseront pas mourrir de faim, et si au contraire ils sont bons vivants, profitos en pour leur faire découvrir mille et unes saveurs
C'est ce que j'essaye de faire, il se régale de tout : de salade, d'huîtres (on vit dans une région ostréicole cela aide), de crevettes, de mangue (l'autre jour il m'a demandé le "bon fruit"), c'est un vrai bonheur c'est vrai.
"mieux vaudrait leur dire : finis ton bonbon, et après, si tu es sage, tu auras les légumes"... haha, j'adore celle là!
En tant que "maman en surpoids", je suis anxieuse de savoir comment ma façon de manger risque d'influencer celle de mes garçons. Merci pour ce message docteur, il comforte la seule maxime que j'ai essayé de leur transmettre: "mange quand tu as faim, arrête quand tu n'as plus faim". De fait j'ai deux p'tits mecs en pleine forme...
Par contre, j'appréhende l'arrivée de la préadolescence (ils ont 12 ans), par expérience, il me semble qu'ils ont tendance à manger beaucoup plus et pas forcément équilibré à cette période... je me demande s'il faut simplement les laisser faire à leur guise. Est ce qu'à cet age, le phénomène de "groupe" qui fait qu'ils ont tendance à s'habiller pareil, parler pareil, etc.. pour faire partie du groupe, ne joue pas aussi sur leur alimentation? Bein plus cool de manger au Mc*** que d'être à table avec les parents...
Une maman d'un ado de 15 ans toujours affamé m'expliquait qu'en plus du repas elle préparait toujours un plat de pâte. Son gamin mangeait comme les parents mais s'il avait faim il pouvait toujours compléter avec une bonne assiette de pâte. Je trouve ça pas mal, est ce que ça a du sens?