L'alimentation des parents et le diabète des enfants et des petits-enfants
Une alimentation insuffisante ou trop abondante, de la mère, mais aussi du père, peut favoriser la tendance à l’obésité et au diabète de ses enfants et de ses petits-enfants !
S’il est connu que l'alimentation de la mère durant sa grossesse est essentielle dans le développement de l'enfant, et peut influer sur la tendance à l’obésité et au diabète de type 2, on ne savait pas jusqu’à présent par quels mécanismes, et on ne se doutait pas que les petits-enfants seraient concernés à leur tour.
La transmission épigénétique du diabète
Une étude commune à des chercheurs belges, italiens et allemands s'est intéressée aux mécanismes épigénétiques qui peuvent influencer la transmission du diabète de type 2. Des modifications épigénétiques, acquises, modifient les chromosomes de personnes diabétiques, et ces transformations sont alors transmissibles à la descendance, sur plusieurs générations. Ce mécanisme de transmission de caractères acquis a profondément bouleversé, ces dernières années, l’idée que l’on se faisait des lois de la génétique. On a donc comparé les chromosomes de personnes atteintes et non atteintes de diabète de type 2. L'observation a porté sur les cellules du pancréas, qui régule le niveau de sucre dans le sang par sa sécrétion d'insuline. Elle a montré des différences notables en ce qui concerne les marqueurs épigénétiques entre les deux groupes d'individus.
Plusieurs études montrent que l’alimentation de la mère durant la grossesse, et peut-être son alimentation avant cette grossesse, conduisent à des modifications épigénétiques, qui sont transmises à l’enfant, et qui entraînent une prédisposition au diabète.
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Poids à la naissance et diabète
Au Royaume-Uni, dans les années 80, une étude sur l'apparition du diabète s'était concentrée sur la relation entre cette maladie et le poids des individus à la naissance et avait révélé, grâce à des registres de naissance tenus plusieurs années auparavant que les nouveaux-nés qui pesaient le moins étaient, à l'âge adulte, plus résistants à l'insuline dans la régulation d'un fort taux de glucose dans leur sang et donc avaient plus de risques de développer un diabète. L'expérience renouvelée en Alsace, dans les années 90 sur des personnes plus jeunes et à plusieurs années d'intervalle, a donné lieu à la même conclusion et a confirmé que cette insulinorésistance s'accentue avec l'âge chez les enfants nés avec un faible poids. La relation entre l'alimentation de la mère durant la grossesse et le poids de l'enfant à la naissance a été établie par d'autres recherches et montre bien tout l'intérêt de l'attention à porter à l'alimentation des femmes enceintes.
L'alimentation et le diabète : une relation bien plus ancienne
Une épidémiologiste de l'Inserm s'est intéressée plus avant à cette relation entre l'alimentation de la mère avant la naissance de son enfant et a pu montrer qu'elle remonte plusieurs générations en arrière et ne concerne pas que la mère. Des études réalisées en Suède et aux Pays-Bas, en utilisant des registres sur la qualité des récoltes depuis le XIXème siècle, ont établi que le risque d'avoir du diabète était directement lié à l'alimentation des pères et mères. En effet, les enfants dont les parents ou grands-parents ont vécu des périodes de famines ou d'abondance durant leur prépuberté pour les hommes, et la grossesse pour les femmes, étaient plus ou moins prédisposés à avoir un diabète de type 2 à l'âge adulte. Cela recoupe aussi ce qu’on a appelé la « cohorte de la faim » aux Pays-Bas. En 1944, les habitants d’Amsterdam subissent une famine drastique. Les filles nées de mères affamées ont été étudiées depuis 1994, et ces filles présentent un risque de diabète supérieur. Plus récemment, on a recherché les marques épigénétiques dans cette cohorte de la faim : celles-ci étaient bel et bien présentes, et transmises sur au moins deux générations.
En conclusion, il n’est pas recommandé de s’affamer durant la grossesse, ou même avant la grossesse, ou de manger de façon excessive, car ces conduites risquent de retentir sur ses enfants et ses petits-enfants. Ce conseil est aussi valable pour les hommes, qui eux aussi peuvent transmettre leurs erreurs alimentaires à leur progéniture.
Bien sûr, aujourd’hui, nous ne subissons pas de réelle famine, mais des régimes durs en sont l’équivalent, et la suralimentation qui les suit généralement produit aussi ses effets. Mesdames, messieurs, en faisant des régimes, vous vous faites du mal, mais vous en faites aussi à vos enfants !
La Recherche n°463, Avril 2012
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