De la taille des pâtisseries

C’est en achetant une pâtisserie, l’autre jour, que l’idée m’est venue : plus la pâtisserie est bonne, et plus la portion est petite. Cela pourrait être un thème de recherche pour un jeune étudiant en sciences de l’alimentation : comparer la taille des portions et la palatabilité des mets.

Etre gros mangeur ou fin gourmet

En bas de chez moi, une boulangerie propose des mille-feuilles, des babas et des paris-brest d’une taille impressionnante. Mais le goût est grossier, médiocre. Un peu plus loin, une pâtisserie de luxe propose les mêmes gâteaux, dans une version plus raffinée. Ceux-là sont, comment dire, minuscules, et bien entendu plus chers. Mais quelle délicatesse, quels arômes, quel plaisir !

Pour les chocolats, même chose : les bouchées chocolatées industrielles sont impossibles à manger d’une seule bouchée, et alors, pourquoi les appelle-t-on encore des bouchées ? Quant aux bouchées artisanales, faites par des Maîtres chocolatiers, c’est peu de dire qu’elles sont minuscules. Les personnes qui se contentent des premières ont-elles une plus grande bouche que celles qui demandent à leurs chocolats d’être exquis ?

Et que dire des restaurants gastronomiques, qui vous servent, certes dans de grandes assiettes, des portions minuscules ? Rien à voir avec la restauration de brasserie…

En fait, plus on mange avec délectation, et moins on a besoin de quantité pour être contenté. Car voilà le secret : ce qui nous arrête dans notre consommation, aujourd’hui, c’est moins la fin de la faim, que le contentement procuré par l’aliment. Ce qui est bon, exquis, se mange lentement, avec attention, et nous contente vite. On s’arrête alors de consommer à l’acmé du plaisir. Manger davantage serait une faute… de goût.