L'image du corps, histoire du concept et thérapies
L’image du corps, concept à la fois très usité et peu approfondi, se situe aux confluents des sciences humaines, de la psychologie et de la psychiatrie, de la neurophysiologie. Ceci explique cela.
Tentons ambitieusement de définir ce concept, de voir les relations que l’individu obèse entretient avec son corps et si l’image du corps se soigne.
L’image du corps selon Paul Schilder
Paul Schilder est sans doute le père du concept. Il distingue trois aspects de l’image du corps :
- Le corps perçu, qui renvoie au schéma corporel (body percept), élaboré à partir des perceptions cutanées, musculaires, tendineuses et viscérales. Le schéma corporel se précise dans le mouvement, se délite dans l’immobilité.
- Le corps libidinal. L’affectivité donne leur coloration aux différentes parties du corps, en modifie la valeur relative et la netteté avec lesquelles nous les ressentons.
- Le corps social. La vision des corps de nos semblables interfère en permanence avec notre propre image du corps. Nous nous identifions à leur corps et sommes capables de ressentir ce qu’ils ressentent par une démarche empathique. Un trop grand écart entre notre corps et le corps de ceux qui nous entourent crée un sentiment d’étrangeté et d’inconfort.
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L’image du corps des personnes obèses
Les personnes obèses vivent dans l’inconfort corporel : les surfaces portantes, les zones de friction, les articulations des membres inférieurs, la colonne vertébrale sont plus intensément ressenties et fréquemment le siège de douleurs. Comme certains mouvements sont compliqués par le surpoids, le corps est ressenti comme un bloc inerte, rigide, sans souplesse. Il se crée un cercle vicieux : le corps étant difficile et douloureux à mouvoir, l’obèse est économe de ses mouvements. L’immobilité lui permet ainsi d’oublier son corps insatisfaisant alors que le mouvement ne cesse de le lui rappeler. Mais l’immobilité conduit à une dégradation de l’image du corps, engendrant elle-même encore plus d’immobilité.
De plus, gros dans un monde de minces, les personnes obèses développent une image du corps dédoublée, l’une fantasmatique, mince et en miroir des autres, l’autre correspondant à la perception de leur propre corps. Le corps fantasmatique de l’obèse est, selon les cas et les circonstances, plus ou moins gros, voire mince, tandis que le soi corporel, ou body self, et le schéma corporel correspondent davantage à la réalité corporelle.
La glorification actuelle d’un corps lisse, sans aspérité, sans odeur, en définitive insubstantiel et irréel, conduit les personnes obèses, au corps trop présent, à ressentir de la honte et à une perte de l’estime de soi. Sur le plan des relations sentimentales, cela peut se traduire par ce que j’ai appelé un syndrome de Groucho Marx : Personne ne peut aimer quelqu’un ayant ce corps, quelqu’un qui m’aime avec ce corps n’est pas aimable.
Thérapies de l’image du corps
Les thérapies corporelles (soins du corps, massages, relaxation) les mises en mouvement du corps (marche, danse, mime) permettent une réhabitation du corps.L’apparence corporelle peut être revisitée sous forme de confrontation à son image réelle (photographies, vidéos, miroir) ou imaginaire (dessin, sculpture du corps).
L’entraînement aux habiletés sociales aborde l’évitement des situations sociales. On apprend à valoriser l’apparence (vêtements mettant le corps en valeur, maquillage, propreté) à affronter le regard des autres dans les lieux publics (par ex. rues, transports en commun, piscines).
La thérapie cognitive peut être couplée aux méthodes précédentes et aborde les discours négatifs sur le corps (mes fesses sont horribles, je ne vais jamais me marier…), permet d’élaborer des pensées alternatives (« j’ai un ventre proéminent » plutôt que « j’ai un ventre horrible »).
On peut faire appel aux techniques de thérapie cognitive fondée sur la pleine conscience. Le sujet focalise délibérément son attention sur ses sensations corporelles zone après zone, en acceptant sans jugement de valeur les sensations quelles qu’elles soient (on privilégie le schéma corporel sur le corps fantasmatique).
On prend connaissance des événements mentaux qui se présentent, sans jugement, sans recherche des origines, avec curiosité et bienveillance.
Les pensées, images mentales, auto-commentaires sur le corps, et les émotions que ces pensées allument sont à accepter en tant qu’événements mentaux, sans jugement, sans effort de changement.
Quels sont les résultats des différentes approches sur l’image du corps ?
- L’approche par thérapie cognitive et comportementale classique ne prend pas en compte l’image du corps et a peu d’effet sur la satisfaction corporelle.
- Les approches alternatives « non-diet » ont des effets favorables sur la restriction cognitive, la dépression, l’estime de soi, mais peu d’effet sur l’insatisfaction corporelle.
- Les approches « non-diet » et les thérapies de l’image du corps peuvent améliorer l’image du corps sans perte de poids.
- Le travail sur le comportement alimentaire, le fait de maigrir ne permettent pas qu’on se sente bien dans son corps et qu’on en accepte l’apparence. Pensons aux anorexiques mentales, jamais assez minces !
En fait, les conduites alimentaires ainsi que l’évolution pondérale d’un côté, et l’image du corps de l’autre, sont deux variables indépendantes et un double travail thérapeutique doit donc être effectué. Nos patients ne sont véritablement tirés d’affaire qu’à partir du moment où ils s’acceptent dans leur incarnation présente.
Bibliographie :
Gérard APFELDORFER : Anorexie, boulimie, obésité. Flammarion Ed. Paris, 1995
- Je mange, donc je suis.Surpoids et troubles du comportement alimentaire. Ed. Payot, Paris, 1991.
Paul SCHILDER : L'image du corps. NRF Gallimard, Paris, 1968
Thérapies de l’image du corps
Les thérapies corporelles (soins du corps, massages, relaxation) les mises en mouvement du corps (marche, danse, mime) permettent une réhabitation du corps.L’apparence corporelle peut être revisitée sous forme de confrontation à son image réelle (photographies, vidéos, miroir) ou imaginaire (dessin, sculpture du corps).
L’entraînement aux habiletés sociales aborde l’évitement des situations sociales. On apprend à valoriser l’apparence (vêtements mettant le corps en valeur, maquillage, propreté) à affronter le regard des autres dans les lieux publics (par ex. rues, transports en commun, piscines).
La thérapie cognitive peut être couplée aux méthodes précédentes et aborde les discours négatifs sur le corps (mes fesses sont horribles, je ne vais jamais me marier…), permet d’élaborer des pensées alternatives (« j’ai un ventre proéminent » plutôt que « j’ai un ventre horrible »).
On peut faire appel aux techniques de thérapie cognitive fondée sur la pleine conscience. Le sujet focalise délibérément son attention sur ses sensations corporelles zone après zone, en acceptant sans jugement de valeur les sensations quelles qu’elles soient (on privilégie le schéma corporel sur le corps fantasmatique).
On prend connaissance des événements mentaux qui se présentent, sans jugement, sans recherche des origines, avec curiosité et bienveillance.
Les pensées, images mentales, auto-commentaires sur le corps, et les émotions que ces pensées allument sont à accepter en tant qu’événements mentaux, sans jugement, sans effort de changement.
Quels sont les résultats des différentes approches sur l’image du corps ?
- L’approche par thérapie cognitive et comportementale classique ne prend pas en compte l’image du corps et a peu d’effet sur la satisfaction corporelle.
- Les approches alternatives « non-diet » ont des effets favorables sur la restriction cognitive, la dépression, l’estime de soi, mais peu d’effet sur l’insatisfaction corporelle.
- Les approches « non-diet » et les thérapies de l’image du corps peuvent améliorer l’image du corps sans perte de poids.
- Le travail sur le comportement alimentaire, le fait de maigrir ne permettent pas qu’on se sente bien dans son corps et qu’on en accepte l’apparence. Pensons aux anorexiques mentales, jamais assez minces !
En fait, les conduites alimentaires ainsi que l’évolution pondérale d’un côté, et l’image du corps de l’autre, sont deux variables indépendantes et un double travail thérapeutique doit donc être effectué. Nos patients ne sont véritablement tirés d’affaire qu’à partir du moment où ils s’acceptent dans leur incarnation présente.
Bibliographie :
Gérard APFELDORFER : Anorexie, boulimie, obésité. Flammarion Ed. Paris, 1995
- Je mange, donc je suis.Surpoids et troubles du comportement alimentaire. Ed. Payot, Paris, 1991.
Paul SCHILDER : L'image du corps. NRF Gallimard, Paris, 1968
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