Le problème vient de la manière de manger, pas des calories

Lancée dans un travail interminable devant l’ordinateur, Emilie n’a pas le temps de faire une véritable pause déjeuner. Elle décide donc de s’accorder au moins un petit plaisir : un sandwich trois fromages et, surtout, une tarte aux abricots ; des aliments qu’elle adore. Elle revient devant son écran, déballe sa nourriture puis commence à croquer tout en ouvrant des pages internet. Elle se remet à scruter l’écran et toute son attention est captée par une vidéo drôle. Quand elle baisse les yeux, elle a quasiment fini sa tarte, son sandwich est avalé, elle n’a rien senti. Emilie est frustrée au point de vouloir acheter une seconde tarte. Elle a vaguement le goût sur la langue mais c’est tout ! Finalement, ayant encore l’impression d’avoir faim, elle s’achète une barre chocolatée à la machine du bureau et la dévore en quelques bouchées. Emilie dépasse ses besoins nutritionnels et elle grossit.

Comment mange-t-on ?

Le schéma d’Emilie est plus que classique ! Cette façon de manger est responsable de nombreux problèmes de surpoids. Nous mangeons en faisant autre chose, nous mangeons des aliments sans même y faire attention. Nous sommes par conséquent incapables de bien cerner le rassasiement : nous n’écoutons pas nos sensations de faim. Combien de cas de surpoids et d’obésité sont liés à des grignotages faits machinalement, aux repas pris en regardant la télévision, aux calories avalées sans faim et sans s’en rendre compte ?

Mais ce constat n’est pas très populaire. Devant les problèmes massifs de surpoids rencontrés dans les pays occidentaux, on a préféré se concentrer sur la valeur nutritionnelle des aliments. Jugés trop sucrés, trop gras, pas assez «sains» : les messages se sont multipliés sur la nécessité de tant de fruits et légumes, moins de viande, plus de fibres, moins de gluten, etc. La valeur nutritionnelle des aliments est importante pour notre santé, là n’est pas la question. Mais la raison du surpoids est-elle due à la valeur nutritionnelle des aliments consommés, ou bien au fait qu’en mangeant distraitement, souvent on mange trop, plus qu’il n’est nécessaire ?